Algérie

Rezig, l'huile et le feu



C'était déjà très pénible d'entendre le ministre du Commerce ordonner de « ne plus vendre de l'huile de table aux mineurs », c'est carrément désespérant quand il a cru qu'il pouvait « s'expliquer » sur ça. C'est ainsi, il y a des bourdes qui n'ont plus besoin d'être argumentées dès lors qu'elles sont lâchées. Celle-ci est monumentale et un peu attristante. D'abord parce qu'elle ramène un sujet public à un niveau effarant. Ensuite parce ses prolongements dans l'activité nationale et la vie ordinaire ont de quoi inquiéter. Voyons donc les choses du côté basique, élémentaire : est-ce bien sérieux qu'un pays de la dimension de l'Algérie et de l'ambition des Algériens en arrive à vouloir régenter la vente ? au sens physique ? d'un produit alimentaire ' Est-ce bien sérieux qu'un ministre instruise épiciers de village, supérettes et grandes surfaces de refuser l'huile de table aux mineurs ' Imaginons un peu les scènes de contrôle à la... carte nationale d'identité devant les caisses enregistreuses et vous aurez une image de votre pays d'une autre ère géologique. Effrayant. Et comme dans ce pays, on a appris à se satisfaire du moindre mal parce que le plus dur est toujours à venir, cela se vérifie déjà dans le cas précis : non seulement la bourde est monstrueuse mais « l'explication » l'est encore plus, puisqu'elle y est présentée comme une panacée à des problèmes de fond, dont on n'a peut-être même pas établi le bon diagnostic. Plus sérieusement, est-ce que le trafiquant, ce monstre invisible mais aussi réel que puissant, est à ce point en faillite logistique et stratégique pour en arriver à opérer avec des ados squattant les espaces commerciaux pour approvisionner les entrepôts de la spéculation alimentaire 'Est-ce qu'on peut convaincre qu'on a les bons diagnostics quand les solutions qu'on propose sont si cadavériques ' Est-ce qu'on peut vous écouter Monsieur le Ministre quand vous dites que votre « décision » est motivée par le fait que les spéculateurs utilisent des enfants et en même temps vous croire quand, dans la foulée, vous concluez que l'année 2022 sera une année « industrielle et économique » et surtout que l'Algérie deviendra, dans la même année, « le premier exportateur de le matière première pour le production de l'huile au niveau africain » ' Peut-être que ces interrogations sont un peu trop terre à terre, voire trop... sérieuses. Parce qu'au sein de l'opinion ordinaire, les réactions à votre instruction étaient essentiellement dans la dérision. On ne va pas vous infliger ici celles qui ont eu le plus de succès.
S. L.


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