Revue de presse française «L'ennemi intérieur»

La menace de l'exécution d'Hervé Gourdel a provoqué une onde de choc en France. La guerre contre l'organisation Etat islamique (EI) a brusquement quitté les airs pour s'ancrer hideusement dans la réalité.Paris de notre correspondant L'enlèvement du guide de montagne français en Kabylie, en plus de l'émoi, a renvoyé les éditorialistes à une question lancinante : que faire des djihadistes à leur retour ' Raymond Courand ne s'embarrasse pas de subtilités : «Les alliés doivent cogner plus fort encore cet ennemi dépourvu de toute humanité. Ces imprécations impliquent une riposte tout aussi déterminée sur notre sol. Qu'ils soient ?apprentis' ou djihadistes convaincus, tous ceux qui cèdent aux sirènes de Daech sont nos ennemis (...). Un djihadiste est l'égal d'un SS, à en juger par les crimes commis au Moyen-Orient. On combat, fort justement, l'apologie du nazisme. Pourquoi vouloir traiter avec davantage d'égards ceux qui rejoignent les rangs des égorgeurs '» Pour Philippe Gélie du Figaro, qui s'inquiète de l'ennemi intérieur : «Emboîtant le pas à Barack Obama, François Hollande a décidé de bombarder l'EI comme on donnerait un coup de pied dans la fourmilière, sans du tout savoir quel résultat cela va produire. Le risque est réel de renforcer sur place d'autres groupes anti-Occidentaux. Et en France, en Algérie ou ailleurs, Daech ne manque pas de main-d'?uvre pour passer des paroles aux actes. Notre pays constitue le premier réservoir occidental de djihadistes, dont 200 seraient déjà revenus de Syrie. Cet 'ennemi intérieur' dont s'inquiétait Manuel Valls lorsqu'il était place Beauvau a désormais son ordre de mission. Lui barrer la route requiert un effort considérable de renseignement et une coordination internationale renforcée.»Patrice Chabanet, pour Le Journal de la Haute-Marne, fait le lien entre la guerre d'Irak déclenchée par Bush Junior et la situation actuelle : «Céder devant la menace reviendrait à encourager ces fanatiques dans leur délire d'islamisation planétaire. Le combat, il faut le savoir, sera long face à des hordes qui n'ont pas peur de la mort (?). Que les interventions américaines aient provoqué la dislocation de la société irakienne est indéniable. Cela ne justifie pas la dérive génocidaire des djihadistes.»Dominique Jung, dans les Dernières Nouvelles d'Alsace (DNA), s'inquiète de la méfiance qui peut s'instaurer en Europe à l'égard des musulmans : «Les djihadistes rendent le pire des services aux musulmans d'Europe, qui risquent d'être regardés d'un ?il soupçonneux même si les dignitaires de l'islam d'Europe ont explicitement condamné les agissements des fanatiques. Les djihadistes s'en moquent éperdument. Plus ils peuvent dresser les communautés les unes contre les autres en Irak, en Syrie ou dans l'Union européenne, plus ils se frottent les mains.»François Sergent, dans Libération, se demande si les drones peuvent mener à la victoire : «Il reste que ces menaces sur les populations civiles sont la conséquence directe des frappes décidées par François Hollande contre des positions de l'EI en Irak (?). Un adversaire comme l'EI, qui s'est déjà emparé d'un tiers de la Syrie et de provinces entières en Irak, peut-il être vaincu par des bombes et des drones '»