Algérie

Révolutions arabes Regard cinématographique



Révolutions arabes Regard cinématographique
Avis - Les événements qui ont secoué une grande partie du monde arabe et que l'on appelle communément «Printemps arabe» n'ont cessé, depuis décembre 2010, de nourrir les imaginaires artistiques : arts plastiques, littérature, cinéma.
Quel regard porte le cinéma sur «les révolutions arabes», voire de préférence ces mouvements de contestations populaires '
«C'est très important pour chaque réalisateur de refléter la réalité et de la mémoriser, parce que ce n'est pas souvent que l'on vit une révolution», dira Karim Yakoubi, réalisateur tunisien, lors d'une rencontre à la Cinémathèque d'Alger.
«L'important est surtout le support visuel pour la mémorisation et la capitalisation de toutes ces expériences vécues», ajoute-t-il.
Karim Yacoubi, pour qui il est très important actuellement de refléter cette réalité de manière objective, estime que c'est seulement «après que nous pouvons donner notre avis. Nous devons être collés à la réalité».
A la question de savoir s'il y a un travail sur l'image quand on filme cette actualité, ce moment historique, Karim Yakoubi répondra : «Bien sûr qu'il y en a un, et c'est une évidence. Parce que la foule, c'est une image révolutionnaire. La foule existe dans toutes les révolutions. C'est ça l'effet de l'interaction. Le son aussi, est très important. La révolution a un son particulier. C'est le son d'ambiance, de la foule. Il y a également la composition au niveau de l'image qui est très importante, puisqu'il y a toujours des pancartes, des jeux de graffitis, des slogans... Et ça, il faut le mentionner, le mémoriser.» En filmant ces événements, on risque de glisser dans le reportage. A ce propos, Karim Yakoubi dira : «Il faut faire la différence entre le documentaire et le reportage. Le documentaire a toujours une lignée particulière, un axe, un avis particulier, une vision de réalisateur. Mais ce réalisateur ne doit pas déformer la réalité. Parce qu'on est dans un moment historique et il faut le mémoriser. Et après on donne notre avis sur les faits. Il faut quand même être vrai. Parce que la vérité est toujours humanisante. Et le risque de tomber dans le reportage existe vraiment. On ne peut pas être vraiment objectif à cent pour cent. Il y a toujours une part de subjectivité quelque part. Il faut cependant minimiser ce risque. Il faut être conscient pour éviter tout glissement ou bien le réduire.» Interrogé sur l'apport que peut avoir le documentaire dans toute cette actualité, Karim Yakoubi répondra : «Le documentaire connaît en effet un essor très important, notamment après le Printemps arabe. Ce format va nous aider à mémoriser, à archiver et à connaître notre histoire. Parce que la révolution a remis en question même des positions qui prévalaient depuis longtemps. Le documentaire permet de faire l'inventaire de notre histoire et de l'évaluer, de la questionner ou de la commenter.»
- De nombreuses réalisations ' courts-métrages et surtout documentaires ' ont été signées, en grande partie, par de jeunes cinéastes, la plupart des amateurs (pas dans le sens péjoratif du terme) de l'image. D'où la question : Peut-on considérer celui qui fait un documentaire comme un historien ' A cela, Karim Yakoubi répondra : «Oui, en quelque sorte, nous pouvons le considérer comme tel. Puisque, par son intermédiaire, nous appréhendons notre histoire. Il y a des historiens qui se sont basés sur des films pour écrire l'Histoire. L'image est un support parmi d'autres qui peut mémoriser les événements.» S'exprimant, par ailleurs, sur le cinéma tunisien aujourd'hui, notre interlocuteur dira : «Il connaît actuellement un bouillonnement. Il connaît aussi une révolution. Et c'est un acquis. Mais nous n'avons pas encore abouti à quelque chose de concret. Parce que le combat est un combat continuel.» Selon lui, le cinéma tunisien est en révolution. Il se trouve qu'on a toujours reproché à ce dernier d'être un cinéma de carte postale. «C'est vrai, notamment pour les fictions», reconnaît-il, et de poursuivre : «Dans la fiction, il n'y a pas une émergence d'une identité tunisienne même si elle comporte des thèmes particuliers qui ont été traités. Ces thèmes ne se présentent pas comme une priorité pour le peuple tunisien. Mais peut-être, que ce sera maintenant ou jamais pour les jeunes réalisateurs qui ont été réprimés auparavant, de montrer nouveau visage pour le cinéma tunisien.»


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