Révolution, Nobel

Je voulais justement parler de cette tranquillité que nous avions en apparence avant la Révolution avec le régime de Ben Ali où tout semblait aller, où les gens se taisaient, menaient une vie sans problème...Et, d'un seul coup, il y a eu comme un geyser, quelque chose s'est fissuré et le mal-être des gens est remonté à la surface. C'est pour cela que le roman est titré Les Intranquilles. Les êtres sont devenus «intranquilles» à partir du moment où on leur a donné la liberté de parler, de dire, et surtout de faire des choses. (?) Le Nobel est le premier décerné à un pays du Maghreb, donné à une autre façon de faire de la démocratie. Parce que, pour une fois, l'avenir du pays n'a pas été décidé par des politiques, mais par un groupe de quatre institutions : le patronat, la centrale syndicale (UGTT), le Conseil de l'Ordre des avocats et la Ligue des droits de l'homme.Donc, c'est une initiative très originale. Ces institutions ont changé le gouvernement et installé un nouveau chef. (?) J'ai toujours écrit comme je le sentais. Je n'ai jamais éprouvé de contraintes dans mon écriture ou de sujets tabous. Dans mes romans, je n'insultais pas le pouvoir. Ce n'est pas mon genre, ma manière d'écrire. Donc, pour moi il n'y a pas eu de changement. Mais il est certain que pour l'écriture en Tunisie, les sujets sont devenus plus diversifiés. Il y a une plus grande facilité à aborder des thèmes qu'auparavant. Par le passé, on n'osait pas trop approcher certains sujets.