Nuit du 31 octobre au 1er novembre 1954. Comme une arme qu?on charge depuis près d?un siècle et qui tire, pour paraphraser Frantz Fanon, la révolution éclate. « A vous qui êtes appelés à nous juger... », disait en préambule la déclaration du 1er Novembre. Cinquante et un ans plus tard, Alger semble indifférente à la date fondatrice. L?approche de l?Aïd ? La lourdeur de la journée ramadhanesque ? L?état d?urgence ? Que peut justifier une telle apathie de la capitale vis-à-vis de ce 51e anniversaire ? L?heure H passe. Il est minuit à Alger-centre. Deux explosions de feux d?artifices au loin. Les sirènes des bateaux restent muettes. Des jeunes au volant de leur voiture défilent en poussant des salves de klaxons du côté de la place Audin et du boulevard Amirouche. Deux noms de la révolution. Festivités improvisées par des jeunes, qui ont presque le même âge que les hommes qui ont lancé la révolution. Des policiers assistent indifférents au défilé informel, porté à bras-le-corps par cette génération qui n?a connu que la guerre, celle d?hier, celle du passé. Aucune manifestation n?a été prévue par l?autorité. Pas de gala, pas de rencontre sportive, pas de commémorations à caractère populaire. Rien. Le 1er Novembre appartient-il encore aux Algériens ? Les rues se vident. Alger se referme. Le rush sur les magasins de vêtements et les terrasses de cafés a disparu sous le poids de la nuit qui avance et qui semble anonyme. Des jeunes au carrefour Maurétania s?amusent à lancer des pétards. L?anniversaire du déclenchement de la révolution qui a libéré l?Algérie glisse sur le temps urbain d?une capitale décentrée. La banlieue, elle, meurt de sa belle mort et seules les salles des fêtes qui accueillent des cérémonies de circoncision et quelques cafés retardataires continuent à résister au trou noir de la nuit. Alger dort au creu de la baie sans rêves. Apparemment. Les mots « révolution », « thagrawla », « thawra » restent sans saveur car cuisinés par l?oligarchique logique en autant de recettes. « A vous qui êtes appelés à nous juger... »
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Posté Le : 02/11/2005
Posté par : sofiane
Ecrit par : Adlène Meddi
Source : www.elwatan.com