Algérie

Révolution algérienne Sa place dans les médias turcs



Histoire - Une conférence portant sur le thème «La guerre d'indépendance algérienne dans les médias turcs» a eu lieu, hier, en marge du 17e Salon international du livre d'Alger.
Mehmet Nam, historien et universitaire turc, a déclaré, dans son intervention, que la cause algérienne occupe une place dans les médias turcs de deux manières différentes.
«Les médias abordaient, dans un premier temps, la guerre menée par le peuple algérien pour l'indépendance à travers le prisme des médias occidentaux, et les journalistes qualifiaient dans leurs articles cette guerre suivant les termes utilisés par la presse occidentale.»
Ainsi, ils reprenaient, à titre d'exemple, des termes tels que «rebelle» ou «terroriste» au lieu de révolutionnaire, «événements» au lieu de guerre d'indépendance, «troubles» ou «agitations» au lieu de Révolution...
«Si les médias turcs parlaient de la Révolution algérienne d'une façon détournée, c'est-à-dire en passant par le regard occidental porté sur cette guerre, c'est parce qu'il n'y avait pas de correspondants sur place», a-t-il expliqué, et d'ajouter : «Les médias turcs n'avaient pas une connaissance directe et objective de la Révolution algérienne.»
«En plus, ils pensaient que ce qui se passait en Algérie relevait simplement d'une crise intérieure et passagère et ne concernait que la France. C'était une affaire qui concernait uniquement la France et il n'était pas utile de s'en mêler.» «La France imposait un blocus sur ce qui se passait en Algérie, elle filtrait les événements», a-t-il dit. «Mais lorsque la cause algérienne commençait à prendre de l'ampleur et à avoir une portée médiatique, une fois qu'elle commençait à susciter de plus en plus l'attention de l'opinion internationale et notamment lorsqu'elle s'était invitée à l'Organisation des Nations unies, les médias turcs ont changé aussitôt d'attitude envers les préoccupations du peuple algérien. Ils se sont repositionnés par rapport à l'approche qu'ils avaient à l'égard de la guerre menée pour l'indépendance de l'Algérie.» Mehmet Nam a, ensuite, souligné que l'approche des médias turcs envers la Révolution algérienne a changé. «Elle a évolué.» Il explique : «La presse turque commençait à s'intéresser à la Révolution algérienne et à soutenir, ne serait-ce que par les articles écrits en sa faveur, la guerre d'indépendance.»
Mehmet Nam a, par ailleurs, précisé qu'à l'époque, il y avait deux positions distinctes, voire opposées, quant à la question algérienne. «Il y avait d'un côté la position des médias qui, d'ailleurs, dénonçaient le colonialisme et soutenaient les aspirations du peuple algérien pour leur indépendance. Et il y avait de l'autre la position du gouvernement turc qui avait émis des réserves sur la cause algérienne, parce qu'il avait une politique pro-occidentale. A ce propos, les médias critiquaient d'une façon virulente la position officielle.»
- L'autre raison qui a fait que l'Etat turc n'a pas soutenu la cause algérienne était que l'Egypte soutenait d'une manière significative la Guerre de libération, et la politique menée par Djamel Abdel Nasser, à l'époque président de la République égyptienne, était à l'opposé de la politique turque. «Autrement dit, l'Egypte nourrissait des idéaux nationalistes et était contre l'impérialisme occidental, alors que la Turquie était simplement pro-occidental», a expliqué le conférencier.«Les médias constituaient une tribune pour la voix du peuple algérien», a-t-il dit. Cela s'est fait aussi grâce à l'arrivée des militants algériens en Turquie pour faire entendre la voix du peuple algérien. Notons que la Turquie a quelque peu tardé à reconnaître l'indépendance de l'Algérie. «Ce n'est que le 31 juillet 1962 que la Turquie a reconnu l'indépendance de l'Algérie», a rappelé l'intervenant, précisant que les relations entre les deux pays étaient plutôt froides. «Ce n'est qu'en 1985 que les relations entre les deux pays ont été redynamisées et ont commencé à s'améliorer», a-t-il conclu.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)