Les assertions autour de la révision de la Constitution reprennent de plus belle, déclinant des projections différentes en termes de calendrier d'intervention de cette réforme phare dans l'agenda décliné par Bouteflika en 2011.Arlésienne, cacophonie, entrechoquement des contraires, tous les qualificatifs sont bons pour traduire la situation dans laquelle se trouve le projet politique de révision de la Constitution. Réforme phare dans le chapelet de celles annoncées par le président Bouteflika au mois d'avril 2011 et projet le plus important du 4e mandat, la révision de la Constitution est tel un serpent de mer, tout le monde en parle, mais personne ne peut témoigner de l'avoir vu.L'opinion aura vécu, depuis la bourrasque du printemps dit arabe d'il y a quatre ans, au rythme des fausses alertes quant à l'imminence de la traduction concrète de la promesse présidentielle. Surpris, il est vrai, par la maladie, le maître d'?uvre a manqué d'entrain dans la conduite du chantier de la révision constitutionnelle.Mais il devait en faire le leitmotiv de la campagne électorale pour son quatrième mandat, conduite, rappelons-le, par Abdelmalek Sellal. Reconduit, il ne mettra pas en branle le processus, hormis d'ordonner un second round de négociations, confié, cette fois-ci, à Ahmed Ouyahia, entre-temps désigné directeur de cabinet de la présidence de la République. La nature de la révision projetée, tout comme la date de son intervention sont demeurées un secret bien gardé. Ce n'est qu'au début de juillet 2015, lors du traditionnel message aux Algériens, à l'occasion du 53e anniversaire de l'Indépendance, que Bouteflika évoque le sujet, affirmant que le projet de révision de la Constitution est en phase de "finalisation ultime". L'affirmation du président de la République relancera de nouveau les spéculations autour du calendrier. Prestant devant la presse, en marge de la cérémonie d'ouverture de la session d'automne du Parlement, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, déclarera, lui aussi, la perspective proche.Or, ne voilà-t-il pas que celui qui manageait les consultations en juin 2014, Ahmed Ouyahia, pour ne pas le nommer, distillera, le même jour, lors d'une réunion organique avec les parlementaires du RND, l'information contraire, à savoir que, selon des indiscrétions recueillies par les médias, le projet de révision n'est pas définitivement finalisé et que "la commission y travaillait toujours" et qu'"il ne pourrait pas être finalisé avant la fin de l'année". Qui est dans le vrai et qui a tout faux ' Difficile d'y répondre, tant est que les voix qui se sont ainsi exprimées sont toutes autorisées.On peut même y adjoindre la voix d'Amar Ghoul, chef de parti du cercle présidentiel, le Taj, et néanmoins ministre du gouvernement Sellal, qui a souligné, dans une intervention à El Khabar, que "les consultations sont toujours ouvertes et que celui qui veut apporter un plus, soit dans un cadre restreint ou large, peut le faire". Amar Ghoul jure que ce qu'il affirme relève de la chose sue et vérifiée. Au demeurant, l'affirmation n'est pas nouvelle chez ce ministre. Il a eu déjà à repousser l'échéance de la révision de la loi fondamentale quand d'autres la donnaient proche.Amar Ghoul, qui assène ainsi sa vérité, a de tout temps appelé la classe politique et, notamment, l'opposition, à prendre part aux consultations dans le but, disait-il, "d'aboutir à une Constitution consensuelle telle que voulue par le chef de l'Etat". Renouvelé, l'appel se veut être un démenti à l'affirmation du Premier ministre qui a dit, lui, que le chapitre des consultations est clos. La communication officielle étant défaillante, sur la question aussi mais surtout, la voie est libre devant la spéculation.L'Algérie reste l'un des rares pays, sinon le seul pays de la planète, où l'on fait au peuple la surprise du contenu de la révision constitutionnelle.M.M.
Posté Le : 10/09/2015
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Mohamed Mouloudj
Source : www.liberte-algerie.com