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RÉVISION CONSTITUTIONNELLE



RÉVISION CONSTITUTIONNELLE
La langue amazighe ne sera pas officialisée dans la future Constitution, nous révèle-t-on de source sûre. Abdelaziz Bouteflika a définitivement tranché la question, ce jeudi 27 août, lorsqu'il réunissait les plus hauts responsables du pays au sujet de la révision de la Constitution qu'il annoncera tout prochainement.Kamel Amarni - Alger (Le Soir) - Bouteflika aura signifié à ses interlocuteurs sa décision de laisser les choses en l'état s'agissant du statut de la langue amazighe dans la Constitution. A savoir, seulement au stade de «langue nationale» comme c'est le cas depuis l'amendement constitutionnel du 10 avril 2002. Ce dernier amendement, pour rappel, Bouteflika l'avait concédé, à l'époque, sous la pression des événements, c'est-à-dire le terrible printemps noir qui avait ébranlé la Kabylie en 2001. Depuis, l'article 3 de la Constitution algérienne stipule que «l'arabe est la langue nationale et officielle» suivi de l'article 3 bis (introduit le 10 avril 2002, ndlr), stipulant, lui, que «tamazight est également langue nationale. L'Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national».La question de la promotion de la langue amazighe au rang de langue nationale et officielle, au même titre que la langue arabe, avait pourtant fait, avec celle de la limitation des mandats présidentiels, l'objet d'une unanimité quasi-parfaite de la classe politique, de la société civile ainsi que de l'ensemble des personnalités nationales ayant pris part aux deux consultations sur la révision constitutionnelle conduites par Abdelkader Bensalah en 2011, puis par Ahmed Ouyahia en juin 2014. Une proposition que fera même le Front de libération nationale, ce qui constitue, en soi, tout un symbole ! Qu'est-ce qui motive alors cette surprenante rétraction de Bouteflika, lui qui, pourtant, avait poussé en sous-main dans le sens de l'officialisation, au point d'en faire l'un des thèmes phare de sa campagne électorale pour la présidentielle du 9 avril 2009 ' Systématiquement, et à chacun de ses meetings d'alors, il lançait : «Nous sommes tous des Amazighs.» Un slogan évidemment que reprendront en chœur tous les satellites du pouvoir. Pour notre source, cela est la résultante de calculs politiciens frisant le cynisme chez Bouteflika. «Si en 2002, il y avait encore les répliques du tragique printemps noir, avec pas moins de 126 victimes et des dégâts matériels considérables, sans oublier que la revendication amazighe était encore portée par un mouvement protestataire fort, structuré et ayant pignon sur rue, la conjoncture est radicalement différente en 2015. De nos jours, il n'y a que les islamistes qui font réellement du bruit, qui font donc peur au pouvoir.»Un pouvoir qui, effectivement, a fait aux islamistes, en ces huit mois de l'année 2015, plus de concessions que depuis l'indépendance. L'on peut citer, entre autres, les lâchages de ministres ayant «déplu» aux islamistes et leurs relais médiatiques comme Benghebrit, Mohamed Aïssa, ou Amara Benyounès carrément limogé du gouvernement, le gel (en réalité, la suppression) de la loi portant criminalisation des violences contre la femme, la liquidation, pour d'autres considérations il est vrai, d'un autre ministre, Youcef Yousfi, qui, pourtant, n'a fait qu'appliquer une décision du gouvernement portant exploration du gaz de schiste.«Pour bien comprendre la situation, il faut savoir que la révision de la Constitution est, pour Bouteflika, la priorité absolue, la seule chose à laquelle il accorde bien de l'importance. Il veut la réussir avec un consensus le plus large possible.» Aux dernières réunions de jeudi dernier, il avait clairement signifié, aux hauts responsables qu'il recevait, qu'il voulait, sur cette question, «un grand débat national tapageur qui inclura y compris les plus extrémistes». C'est ce qui explique les agitations tolérées de Madani Mezrag, entre autres.Pour le reste, le projet que soumettra Abdelaziz Bouteflika à l'approbation des deux Chambres du Parlement réunie en session extraordinaire, a définitivement tranché le retour à la fameuse disposition de l'article 74 de la Constitution de 1996 et qui limite le nombre de mandats présidentiels à seulement deux, au maximum bien sûr. Il s'agit là d'une revendication unanime à l'ensemble des partenaires politiques et sociaux consultés par Bensalah en 2011 puis par Ouyahia en 2014.De même que la mouture que proposera Bouteflika ne prévoit pas de poste de vice-président. De par son tempérament, Bouteflika n'aurait d'ailleurs jamais admis une fonction pareille, lui qui avait même réduit la fonction de Premier ministre qu'il substituera à celle de chef de gouvernement en 2008, à une sorte de super fonctionnaire ! Depuis 2008, en effet, Bouteflika a interdit au Premier ministre de sanctionner les réunions du gouvernement par un communiqué.Ce «privilège» est l'apanage du seul Conseil des ministres, présidé, pour cause, par le président de la République. Il ne s'agit d'ailleurs même plus de «Conseil du gouvernement», mais de simple «réunion du gouvernement», que l'exécutif tient tous les mercredis de manière quasi-clandestine.Dans le projet de la nouvelle Constitution, Bouteflika maintient toujours la fonction de Premier ministre et exclut, dès lors, la réhabilitation de l'ancienne fonction de chef de gouvernement comme réclamé par l'écrasante majorité de la classe politique. Seule «concession» selon nos sources, «désormais, le Premier ministre devrait être issu du parti majoritaire, et avec quelques prérogatives supplémentaires».Des prérogatives qui doivent surtout permettre au titulaire de la fonction de combler le vide occasionné par la maladie de Bouteflika. Aussi, le président du Conseil de la nation, quant à lui, verra ses prérogatives renforcées, notamment en prévision de «cas de force majeure», à savoir la vacance du pouvoir en cas de décès ou de démission du président de la République.S'agissant de l'Assemblée populaire nationale, elle aura désormais, en vertu du projet de la nouvelle Constitution, le privilège de pouvoir «retirer la confiance à des membres du gouvernement», mais de manière individuelle, seulement.




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