Algérie

Révision constitutionnelle



Pourquoi la voie parlementaire Le Conseil des ministres réuni, lundi dernier, a adopté les amendements qui seront apportés à la constitution. Ces amendements, après l’avis motivé du Conseil Constitutionnel, seront adoptés le 12 novembre par le parlement, réuni en congrès, qui sera convoqué par le président Bouteflika et présidé Abdelkader Bensalah en sa qualité de deuxième homme de l’Etat. Pourquoi justement, le président Bouteflia a choisi la voie parlementaire et pas la voie référendaire? Au sein des partis de la coalition présidentielle et des «organisations de masses», qui avaient fait de cette révision un fonds de commerce, on explique le choix de l’option parlementaire par le souci du facteur temps. C’est-à-dire que pour les quelques mois qui nous séparent de l’élection présidentielle, il est matériellement impossible d’organiser un référendum qui a ses propres modalités techniques. Mais de l’avis des spécialistes et des observateurs politiques, les raisons du choix de la voie parlementaire au lieu du référendum sont ailleurs que dans des arguties de timing. D’abord, les constitutionnalistes notent que, par souci de respect du parallélisme des formes, le président Bouteflika aurait dû aller au référendum, car expliquent-ils son prédécesseur, en instaurant la limitation des mandats à eu recours à la vox populi. L’abolition de cette disposition, doit par conséquent passer par le respect de la souveraineté populaire, à savoir le référendum. Il y aurait là, donc, selon eux, un vice de forme. Mais la voix parlementaire est celle qui présente le moins de risques dans cette conjoncture politique. Car aller au référendum pour le pouvoir c’est prendre un risque réel tel une abstention à grande envergure, compte tenu de la méfiance des Algériens à l’égard des urnes, encore plus à l’égard d’une révision qui ressemble à une partie jouée d’avance. Un taux de participation faible  présente le risque de disqualifier en amont la candidature du président Bouteflika pour un troisième mandat. La voix parlementaire offre aussi la commodité du huis clos. En effet, l’affaire réglée dans les murs feutrés du parlement permet de faire l’économie d’un débat contradictoire auquel la classe politique serait fatalement associée. Ce serait donc l’occasion pour les acteurs politiques de faire un bilan de l’action du président Bouteflika pendant ses deux mandats et ces mêmes acteurs n’hésiteraient point à porter sur la place publique, les enjeux et surtout les implications qui sous-tendent cette révision. Ce qui les amènera, surtout si les médias publics leurs sont ouverts à dire des choses qui n’iront pas forcément dans le sens d’une large participation au vote. Cela étant, le président de la République, qui a rappelé, avant-hier, qu’il tenait toujours à son idée de faire amender en profondeur la constitution aura tout le loisir de le faire, une fois réélu. Espérons seulement que cette révision ira dans le sens d’une plus grande démocratisation, d’une plus grande ouverture politique et médiatique qui ancrera définitivement l’Algérie dans la modernité et non la ramener à l’époque du parti unique. H. Senouci


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