Six ans sont passés depuis la signature de l'accord pour la paix et la réconciliation au Mali, connu aussi sous l'appellation de l'Accord d'Alger. Mais sa mise en ?uvre a réalisé des avancées minimes sur le terrain, dans un contexte politico-sécuritaire qui n'a cessé de se dégrader dans ce pays du Sahel. Malgré la pression de la médiation internationale, tout reste à faire.Liberté : En tant que signataire de l'Accord d'Alger, quelle est l'appréciation de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA) de sa mise en ?uvre, six ans après sa conclusion '
Mohamed Elmaouloud Ramadane : Nous ne sommes pas satisfaits, car six ans après la signature de cet accord, rien n'a vraiment bougé dans sa mise en ?uvre. Des choses qui devaient être faites durant les 60 premiers jours de sa signature, notamment sur le plan politico-institutionnel, n'ont pas été réalisées, alors que l'accord en lui-même devait être mis en ?uvre dans une période de deux ans. Il s'agit par exemple de l'installation des autorités intérimaires et du Mécanismes opérationnel de coordination (MOC) qui traînent alors qu'on aurait pu avancer là-dessus. Mais jusqu'à ce jour, les blocages continuent de persister. Sur le plan social et économique, ce n'est pas mieux non plus, alors que la situation sécuritaire n'a pas cessé de se dégrader. Sans oublier la question des réfugiés qui ne sont toujours pas rentrés au pays depuis presque dix ans.
Quelles sont les raisons de ce blocage '
La mauvaise volonté politique du gouvernement a fait que le processus est resté bloqué pendant six ans. Si le texte de l'accord avait été respecté, on aurait évité cette grande perte de temps et la situation ne serait pas arrivée à ce stade de dégradation.
La CMA fait partie du nouveau gouvernement de transition. Qu'est-ce qui a changé justement par rapport à l'ancien exécutif '
Nous avons déjà eu une première phase de transition, durant laquelle rien n'a changé concernant la mise en ?uvre de l'accord de paix et de réconciliation.
En neuf mois, aucune chose de faite. Cette fois-ci, il y a eu des rencontres et des discussions avec le nouveau gouvernement dirigé par Choguel Maiga et le président de transition Assimi Goïta. Les autorités de transition se sont engagées à débloquer la situation. Nous attendons ce qui se passera.
La CMA est-elle prête à une éventuelle révision de l'Accord d'Alger ' Si c'est le cas, quels sont les points que vous voudriez revoir '
Sincèrement, ce n'est pas une bonne chose que penser à réviser cet accord, même si l'article 64 du texte permet à l'une des parties signataires d'émettre le v?u de revoir certaines clauses, dans le cadre du travail du Comité de suivi de l'accord.
Il est évident qu'il y a tellement de points que la CMA souhaiterait revoir et corriger, au même titre que les autres parties signataires de ce texte, en l'occurrence la Plateforme d'Alger et le gouvernement malien. Mais cela constitue une perte de temps, déjà que nous avons perdu six ans à tourner en rond. Aussi, vouloir réviser cet accord, c'est ouvrir de nouvelles négociations qui prendront beaucoup de temps.
Et comme je l'ai dit, le temps n'est pas avec nous. En résumé, chercher à réviser l'Accord d'Alger, c'est ouvrir la boîte de Pandore. Cela n'est bénéfique pour aucune partie.
Entretien réalisé par : LYÈS MENACER
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Posté Le : 22/06/2021
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Lyes MENACER
Source : www.liberte-algerie.com