Algérie

Révélation du Canard Enchaîné: Quand Renault piste des espions présumés via Alger



Rebondissement inattendu et surprenant dans l'affaire d'espionnage décelé au sein du groupe Renault.

Le constructeur aurait engagé un salarié de Geos, groupe d'intelligence économique (représenté à Alger), pour mener l'enquête sur l'affaire d'espionnage présumé, croit savoir le «Canard Enchaîné». Ce dernier aurait agi, seul depuis Alger.

Attaquée sur plusieurs fronts, la défense de Renault dans l'affaire d'espionnage qui l'affecte, subit un nouveau revers, estime-t-on. Selon l'hebdomadaire satirique le «Canard Enchaîné», le détective privé censé avoir mené l'enquête pour Renault, sur la présumée trahison de trois cadres du constructeur -ayant engendré leur licenciement- serait Michel Luc, un salarié de Geos, groupe spécialisé dans l'intelligence économique.

L'hebdomadaire satirique précise, toutefois que, approchée par Renault, la société Geos a officiellement refusé la mission «estimant que ce travail impliquerait des opérations illégales», selon les propos du patron de Geos, Jean Heinrich, rapportés par le «Canard Enchaîné». Michel Luc aurait donc agi seul. L'acte isolé étant une «technique» classique, permettant d'éviter d'impliquer l'employeur.

Le «truc» de l'acte isolé

Ce correspondant de Geos, basé à Alger, entreprise basée à Alger depuis le milieu des années 90, aurait ainsi été engagé par le constructeur, non pour mener l'enquête, impossible depuis l'Algérie, «mais pour servir d'intermédiaire présentable». Le détective aurait ainsi été chargé de facturer la mission 100.000 euros pour une enquête menée par des membres recrutés directement par Renault. L'association «d'enquêteurs» aurait notamment communiqué à Renault «des numéros de comptes» et des noms de sociétés, dont une basée à Hong Kong.

L'investigation du «Canard Enchaîné» révèle que «les informations sont transmises par téléphone d'Alger, sans la moindre pièce justificative présentable», avance le «Canard Enchaîné», «d'où le vide abyssal du dossier de plainte, déposé par Renault».

Pour l'heure, interrogé par l'AFP, Geos dément avoir été contacté par Renault. La société a, en revanche, indiqué qu'un de ses salariés «avait pris l'initiative, à titre personnel et sans en référer à sa hiérarchie, de servir d'intermédiaire entre ses contacts chez Renault et un tiers investigateur». Quoiqu'il en soit, le détective privé aurait été prié de démissionner, ce qui se serait opéré hier, affirme Geos, qui menace de porter l'affaire en justice. Renault n'a pas encore réagi à ces nouvelles révélations.

Les casquettes de Geos

A Alger, le groupe Geos est représenté par une filiale qualifiée d'historique dont le siège se trouve à Hydra, rue des Crêtes. «Geos Algérie a vocation de servir les clients du groupe sur l'ensemble du territoire algérien. Au nord, Geos « sécurise plusieurs grands projets dans les domaines des télécoms, de la construction, de l'hydraulique, et au sud, dans le secteur de l'énergie, en parallèle de ses prestations de sécurisation de grands projets ». Geos Algérie, « fort d'une stratégie constante de développement, basée sur une connaissance pragmatique et concrète de la situation de l'environnement local et l'animation d'un réseau relationnel unique, confirme sa place de leader dans ses domaines d'activité», c'est ce qu'indique un document de présentation du groupe. Officiellement, pour les autorités algériennes « Géos » n'est pas habilité à mener des activités de type sécuritaire. Pourtant, cette entreprise offre une large gamme de services qui va du conseil en sécurité et en sûreté jusqu'aux missions opérationnelles de type extraction d'expatriés. Les hommes qu'il emploie sont triés sur le volet et sont tous issus de l'armée et des services de sécurité français. En Algérie, leur discrétion est quasi légendaire. Des Algériens employés dans le grand Sud pétrolier signalent la présence de certains de ces agents sur différents chantiers. Personne ne pourrait soupçonner un instant que l'un de ses membres servirait, ne serait-ce que d'intermédiaire, dans une quelconque transaction douteuse ou de boîte aux lettres dans une affaire d'espionnage comme celle qui perturbe le train-train de la maison mère Renault. Un confrère s'interrogeait récemment « sur le genre de relations que Geos entretient avec les autorités algériennes ». Il relevait que Geos « travaille au plus près des autorités», en s'appuyant sur un document de présentation où figuraient des photos d'une patrouille d'un service de sécurité algérien et l'hélicoptère d'une compagnie aérienne publique. Géos aurait-il plusieurs casquettes ? En tous cas, cette entreprise a la cote auprès des autorités françaises. On rappelle qu'en 2007, Pierre Montoro, directeur de Geos Algérie, faisait partie de la délégation officielle accompagnant la visite d'Etat du Président Nicolas Sarkozy, en Algérie.




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