Beaucoup d'Algériens ont trouvé les images insoutenables : des milliers de véhicules transportant des compatriotes vers la Tunisie pour le réveillon de fin d'année ont fait ces derniers jours le tour de la toile et occupé les discussions de café du commerce. Les photos et les vidéos sont éloquentes. Dans d'indescriptibles bousculades qui rappellent une foule fuyant le chaos, elles suggèrent plus l'agitation de femmes et d'hommes inquiets de ne pas figurer parmi les heureux rescapés que la sereine jovialité de fêtards attendus par de gais instants. Autant dire qu'à l'heure du «bilan» de leur virée de fin d'année, la route ne fera pas bonne figure dans les moments agréables de ceux qui ont choisi cette destination. Qu'à cela ne tienne, dans les heures les plus pénibles de leur «traversée», ils devraient quand même se consoler du fait qu'au bout, il y a la? délivrance et la perspective immédiate de vivre des moments de plaisir. Mais comme lot de consolation, il y a mieux. Ou? pire, c'est selon le regard qu'on y porte : la satisfaction de se retrouver sous un autre pan du ciel plus confortable, plus aéré et, peut-être bien, moins coûteux ! Dans la flopée de réactions à ces images, c'est évidemment celle-ci qui tient la corde : l'Algérie n'est même plus capable d'offrir aux Algériens des espaces où ils puissent se permettre un moment de fête sans se ruiner. Et en l'occurrence, le constat n'est qu'une entrée en la matière. L'y accompagnent naturellement l'insécurité dont les sources se multiplient, l'intolérance devenue un fait de société, la qualité de service exécrable, les transports publics toujours problématiques et l'inquisition parfois au seuil de la porte. Le kit de matériaux dissuasifs étant tellement volumineux et de haute performance, on se surprend à se demander si ce n'est finalement pas un miracle qu'il y ait encore des Algériens assez téméraires pour penser à la fête dans de telles conditions. Et à découvrir le «grand embouteillage» de l'Est qui aurait pu inspirer Luigi Comencini dans sa sublimissime ?uvre cinématographique du même nom, on se retrouve une nouvelle fois dans la consolation : il doit y avoir au moins autant de monde à oser «s'éclater» un soir de Nouvel An ici, en ce pays dont on a peut-être trop vite dit qu'il est irrémédiablement gagné par la résignation.Qu'on ne s'y trompe pas, dans le rush vers la Tunisie, il ne doit pas y avoir beaucoup de fortunés. Il y a seulement des Algériens qui ne crèvent pas la dalle certes mais ne sont pas pour autant si prospères. En tout cas pas au point de faire des folies. Ici, ceux qui s'organisent pour la fête ont leur «bulle» ou s'éclatent comme ils peuvent, en allant parfois jusqu'à? tenter le diable. Bonne année.
S. L.
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Posté Le : 31/12/2018
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Slimane Laouari
Source : www.lesoirdalgerie.com