Algérie

Revalorisation des pensions Les anciens combattants s'attendaient à plus



L'action d'assistance judiciaire engagée par le barreau des avocats de la cour d'appel d'Aix-en-Provence relative à la revalorisation de la pension des anciens combattants algériens dans l'armée française, entrant dans le cadre d'un accord de jumelage entre ce barreau et son homologue de la cour d'Oran, vient de donner ses premiers fruits.  En effet, grâce à l'entraide judiciaire entre les conseils de l'ordre de ces deux barreaux, bon nombre d'ex-soldats «indigènes» algériens qui ont participé à la libération de la France de l'occupation nazie durant la Seconde Guerre mondiale ont enfin touché la fameuse augmentation de leur pension, décidée par l'Elysée en septembre 2006 et qui a pris effet à partir de janvier 2007.  L'aide apportée par les avocats français aux anciens combattants algériens pour bénéficier du réajustement des pensions a eu un apport précieux quant à l'aboutissement de leur démarche. En intervenant directement auprès des instances françaises compétentes, notamment le tribunal administratif, les avocats désignés par le barreau d'Aix-en-Provence dans le cadre de l'aide judiciaire ont fait aboutir les demandes de revalorisation dans les meilleurs délais. Outre ce gain de temps, qui se chiffre par six mois dans le meilleur des cas, le barreau d'Aix-en-Provence a affranchi bon nombre d'Algériens qui furent enrôlés le plus souvent par force par l'armée française des différents frais qu'ils auraient à supporter s'ils devaient faire eux-mêmes les démarches (frais de courriers, honoraires d'avocat, déplacement éventuel en France...). Inutile de dire que de tels frais dépasseraient de loin le nouveau montant de la pension sollicité, soit 343 euros tous les 6 mois.  Jusqu'à maintenant, ce sont une centaine d'anciens combattants qui ont obtenu l'augmentation effective de leur pension à la faveur de l'assistance judiciaire accordée par les avocats français, indique le bâtonnier d'Oran, Ouahrani El-Houari, qui ajoute que plusieurs centaines d'autres dossiers transmis par le biais de son barreau à son homologue d'Aix-en-Provence sont actuellement en cours de traitement et devront aboutir prochainement.  Le même bâtonnier, qui coordonne cette opération avec son homologue d'Aix-en-Provence, Jean François Leca, tient à préciser que le rôle de son barreau ne se limite pas à une boîte aux lettres dans cette démarche, mais c'est un rôle d'interface actif entre l'intéressé et le conseil de l'ordre des avocats d'Aix-en-Provence, qui intervient pour son intérêt.  Lancée début avril, la demande de revalorisation de la pension d'anciens combattants par l'intercession des deux barreaux d'Oran et d'Aix-en-Provence concernait dans un premier temps uniquement les intéressés résidents dans la région ouest du pays, mais devant l'afflux impressionnant des demandeurs de tout bord, les responsables de l'opération n'ont pu qu'ouvrir la porte à tout le monde, se retrouvant à mener une tâche d'envergure nationale. Au point où ils ont dû dernièrement clôturer provisoirement l'opération de dépôt des dossiers, le temps de liquider les centaines de dossiers déjà reçus.  M. Saïd qui a cent ans - 100 ans et 7 mois exactement, tient à préciser son fils aîné - est l'un de ces ex-soldats mobilisés par l'armée française durant la Seconde Guerre mondiale qui ont bénéficié dernièrement de la revalorisation de la retraite du combattant.  Cet ancien tirailleur, qui fut enrôlé en 1939 à son corps défendant par l'armée française et se retrouva sur le front en Alsace, a reçu en août dernier une réponse positive de la Direction interdépartementale des A.C.V.G. (Anciens combattants et victimes de guerre), sise à Paris, à sa demande de revalorisation. La lettre lui précisait, par ailleurs, que les formalités nécessaires à la liquidation puis la mise en payement par la Trésorerie générale nécessitaient un délai de quelques mois. Près de deux mois, fin septembre dernier, il a reçu sa pension semestrielle d'un montant de 32.113 DA, soit la contre-valeur en monnaie algérienne de 343,61 euros. «Une certaine augmentation par rapport à la pension misérable et humiliante de 50,99 euros tous les six mois que je percevais.  Mais ça reste quand même une augmentation décevante par rapport à ce que nous attendions nous les «indigènes» de l'Afrique du Nord. Le plus décevant, c'est le fait que cette augmentation ne soit pas à effet rétroactif, ne serait-ce que sur un nombre d'années, 2 ou 3 ans auparavant par exemple.  Comme ça on peut bénéficier d'un petit rappel intéressant», ajoute-t-il entre deux soupirs qui en disent long sur sa souffrance aujourd'hui et les souvenirs douloureux d'une affreuse guerre qui ne le concernait pas mais où il s'est retrouvé engagé malgré lui.


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