Algérie

Réunion extraordinaire OPEP+: Accord pour une réduction massive de la production



L'OPEP+ a paraphé, jeudi dernier, trois importants accords prévoyant une réduction de sa production pétrolière de plusieurs millions de barils par jour, répartie sur une période allant de mai prochain à avril 2022.C'est le ministre de l'Energie et président de l'OPEP, Mohamed Arkab qui en a fait l'annonce, hier, en expliquant que le premier accord s'articule sur une réduction de l'ordre de 10 Mb/j, pour la période allant entre les mois de mai et juin. Le second préconise une réduction de 8Mb/J et interviendra de juillet à septembre prochain. Le troisième accord repose, enfin, sur une réduction de la production par l'OPEP+ équivalente à 6 Mb/j pour la période allant de janvier 2021 à avril 2022. L'Algérie annonce qu'elle adhère au premier accord avec une réduction de 200.000 b/j et au 2ème avec 145. 000 b/j d'une production de bien moins de 1M b/j aprèsn notammentn les coupes qu'elle s'était imposée de janvier à juin 2019, après l'accord conclu, en décembre 2018 entre les pays OPEP et non OPEP. Les deux ténors de l'OPEP+ qui sont l'Arabie Saoudite et la Russie, ont accepté de réduire leur production de 2,5 M b/j chacun. Les deux pays défalqueront cette quantité de leur production qui dépasse respectivement les 9 M b/j et les 10 M b/j. Après avoir refusé, sur le coup, de se conformer à l'accord de jeudi, le Mexique a accepté hier, selon l'Arabie Saoudite, qu'il diminuera sa production pétrolière de 400.000 b/j, au titre du 1er accord. Les pays membres de l'OPEP espèrent que les ministres de l'Energie du G20 dont la réunion a eu lieu hier, acceptent de participer à cet effort de stabilisation d'un marché mondial qui a dangereusement basculé, dès l'apparition du coronavirus et ce, en affichant un prix de baril de pétrole diminué de plus de 17%. Ce sont la Russie, l'Arabie Saoudite et le Mexique, en tant que membres du G20, qui ont été chargés, par les pays de l'OPEP, de plaider cette cause.
«Des décisions importantes», selon Arkab
Mohamed Arkab estime que ces accords, conclus à l'issue de la réunion virtuelle du jeudi dernier des pays OPEP et non OPEP, sont « des décisions importantes qui permettront d'absorber le surplus existant, au niveau des stocks pétroliers mondiaux, tout en veillant à préserver les équilibres du marché ». Il considère ces réductions « nécessaires et indispensables pour aider à la stabilité du marché pétrolier mondial ». Le ministre de l'Energie algérien a reconnu que la réunion virtuelle du jeudi n'a pas été de tout repos. « Elle a duré de 15h à 1h du matin, c'est une réunion importante où il y a eu plusieurs interventions (…) », a-t-il précisé.
A l'instar de la Russie, la réunion de l'OPEP+ a vu la participation de la Colombie, la Norvège, le Canada, l'Indonésie, l'Equateur, le Tchad, l'Egypte, l'Argentine. L'objectif de ce conclave est de ramener la production mondiale de pétrole qui dépasse, actuellement, les 96 M b/j à un seuil qui ne perturbe pas le marché comme il en est depuis ces derniers mois, tout en veillant à préserver ses équilibres vitaux. C'est à la demande du président américain Donald Trump que l'Arabie Saoudite et la Russie ont accepté de tenir une réunion extraordinaire d'urgence de l'OPEP+. Les pays membres de l'OPEP et ceux non OPEP pensent convaincre le G20 d'appuyer leurs accords à commencer par les Etats-Unis. Devenus premier producteur mondial de pétrole grâce à leurs explorations à ne plus compter de la ressource du schiste, les Etats-Unis ont inondé le marché pétrolier avec une production journalière qui caracole au dessus des 13 M b/j et contribue avec plus de 17% à la production mondiale. Les analystes ont très souvent souligné que le Président Trump ne peut obliger les firmes pétrolières de son pays à baisser leur production parce qu'elles sont de statut privé et aussi en raison de la loi de la concurrence qui les régit mais que seul le congrès peut réviser.
«Attendre de voir jusqu'où l'OPEP+ respectera ses accords»
Cependant, la chute cette année du prix du baril à ses plus bas niveaux les a obligés à se rendre compte qu'ils pompaient à perte. Les énormes stocks de pétrole chez la Chine et d'autres pays de l'Asie, conjugués au déclin de la demande mondiale en raison de l'arrêt des investissements, ont gravement impacté le marché mondial. L'Agence de l'information américaine du pétrole a fait savoir, il y a quelques jours, que bien qu'hésitant, les Américains pourraient diminuer leur production à 11,8 M b/j. Jusqu'à hier, le Canada et la Norvège n'avaient pas accepté de réduire leur production. Il faut rappeler que le déclin du marché a été provoqué par l'Arabie Saoudite qui a ouvert les vannes de ses puits de pétrole, au lendemain de la réunion du 6 mars dernier, suivie par d'autres pays du Golfe comme les Emirats Arabes Unis et le Koweit. Il semble que la propagation du ‘COVID-19' a poussé Ryad et Moscou à faire preuve de sagesse, à laisser leurs conflits géostratégiques de côté et à secourir un marché dont les fortes baisses de prix enfoncent l'économie mondiale dans sa récession et fragilisent davantage les pays qui ne produisent et n'exportent que le pétrole à l'exemple de l'Algérie.
Le ministre de l'Energie avait affirmé, mercredi dernier, que « cette réunion d'urgence (du jeudi dernier ndlr) sera l'occasion d'une action décisive et immédiate». Il avait soutenu que « les yeux du monde sont tournés vers cette réunion historique, les producteurs devraient fournir un leadership visionnaire, en temps de crise». Lundi dernier, le porte-parole du Kremlin, Dmitry Peskov, a fait savoir au monde que l'OPEP+ allait s'entendre sur une réduction globale de 10 M b/j. Les analystes affirment néanmoins attendre de voir jusqu'où l'OPEP+ respectera les accords qu'elle a conclus jeudi dernier. «Entre parapher un accord et l'exécuter sur une période allant jusqu'à 2022, il y a des agendas géostratégiques qui pourraient perturber ce calendrier », soutenaient, hier, certains d'entre eux.


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