Algérie

Réunion du e-G8 à Paris : Coup d'éclat virtuel



Réunion du e-G8 à Paris : Coup d'éclat virtuel
Au moment où, à Genève, le forum 2011 du sommet mondial sur la société de l'information met à nu les déficits gigantesques de l'Afrique en infrastructures et moyens de connectivité, le président français, président du G8 tient, à Paris, la grande messe de l'Internet, en présence des grands patrons de l'univers numérique, virtuel, avec le secret espoir de parvenir à «une gouvernance consensuelle». Deux jours avant le sommet du G8, les 26 et 27 mai à Deauville (nord de la France), le président en exercice, Nicolas Sarkozy fait venir à Paris les grands patrons de l’internet et de l’économie numérique «afin de formuler des propositions sur l'avenir de l'Internet mondial» et de les soumettre au sommet des chefs d’Etat du G8. Venu inaugurer ce forum, le président français souligne la nécessité d’un travail concerté entre des gouvernements chargés de définir la norme et des entreprises source de dynamisme, d’innovation et de croissance :  «Je pense qu'on a beaucoup à faire ensemble. Nous avons besoin d'entendre vos aspirations et vos besoins. Et vous avez besoin d'entendre nos limites et nos lignes rouges», a-t-il dit.Interrogé sur la liberté de parole sur le net, Nicolas Sarkozy, qui a évoqué l'intervention en Libye, a estimé que «Internet est devenu l'échelle de crédibilité des démocraties ou l'échelle de honte des dictatures».Jeff Jarvis, le célèbre journaliste et blogueur américain, à peine le discours du président français terminé, lâche sa  question : «M. Sarkozy, pouvez-vous faire la promesse de ne pas nuire à Internet '» Réponse : «Si vous voulez que je vous fasse la promesse de ne pas vous nuire, il n’y a pas de problème.» Sous la houlette de la présidence française, le G8 verra les chefs d'Etat évoquer pendant une heure et demie la régulation de la Toile (lutte contre la cybercriminalité et les "paradis numériques"), la gouvernance des noms de domaine (aujourd'hui gérés par un organisme américain, l'Icann), la liberté d'expression, la "neutralité" des réseaux et la question de leur financement, la protection de la vie privée sur internet ou encore la fracture numérique des pays du Sud.Autant de problématiques réelles posées par le développement du réseau internet, pour l’approche desquelles le consensus est, néanmoins loin de se dessiner. La démarche du président du G8 visant à regrouper tout le gotha de l’internet, outre qu’elle ne s’est donné aucun contenu concret n’en a pas moins suscité doutes et appréhensions. C’est en tout cas ce que pense l’Américain Nova Spivack, intervenant-invité de l’e-G8, entrepreneur pionnier du web, âgé de 42 ans et dont la parole compte dans le monde d’internet. «L'internet va balayer les gouvernements et les économies d'aujourd'hui, affirme Spivack. Cela terrifie les politiciens. Alors, naturellement, ils régulent.» Jeremie Zimmermann, co-fondateur et porte-parole de «la Quadrature du Net» a lui, refusé l’invitation du Forum. Son discours est encore plus radical : «Le e-G8 est un écran de fumée masquant de dangereuses remises en cause des libertés fondamentales et une tentative de reprise en main de notre cher Internet.» Même Eric Schmidt, président exécutif de Google et invité mardi matin, a parlé d’internet et de la croissance économique aux côtés notamment de la ministre des Finances, Christine Lagarde qui a mis en garde les gouvernements : «La technologie bouge plus vite que les gouvernements. Ne légiférez pas sans en avoir mesuré les conséquences.»Les premières tables rondes organisées après la cérémonie d’ouverture du G8 internet à Paris ont ainsi permis de mettre en lumière l'ampleur des divergences qui restent à surmonter entre les acteurs d'internet et les pouvoirs publics. «Je pense que le gouvernement a, effectivement, un rôle à jouer pour encourager l'innovation sur internet : c'est de rester hors de notre chemin», a dit à Reuters Jimmy Wales, le fondateur de Wikipedia.«Le point le plus important aujourd'hui c'est de ne pas faire de mal», a souligné de son côté le directeur général de Dailymotion, Martin Rogard, en marge du Forum. «Il faut faire attention à préserver un écosystème dans lequel les lois ne changent pas tous les six mois». Il a, notamment, critiqué le projet de loi français qui imposerait une taxe aux annonceurs sur internet, baptisée "taxe Google", en estimant qu'elle désavantageait les acteurs français par rapport à leurs concurrents étrangers. Une kyrielle de groupes et associations activant pour la défense du net ont rendu public, à l’occasion, un appel aux responsables des puissances réunies en France, pour mettre, notamment, un terme à leurs pratiques attentatoires aux libertés sur internet ainsi qu’à leurs soutiens aux régimes dictatoriaux qui se mêlent de trop près du fonctionnement du réseau.


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