Les chefs d'état-major des pays membres du Comité d'état-major
opérationnel (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) se sont réunis hier à
Tamanrasset.
L'enjeu est de parvenir à une coordination plus forte et plus active dans
la lutte contre le terrorisme et la criminalité. Et de réaffirmer la capacité
des pays de la région du Sahel à prendre en charge, par eux-mêmes, les
problèmes sécuritaires posés.
Nous devrons «prendre nos responsabilités» «respecter nos engagements» et
«passer à l'action sur le terrain des opérations». Dans un contexte où le
défaut de coordination entre les pays de la région du Sahel est manifeste, les
propos du chef d'état-major de l'armée algérienne, le général de corps d'armée,
Ahmed Gaïd Salah, lors de l'ouverture, hier, à Tamanrasset, au siège de la 6ème
région militaire de la réunion extraordinaire du Conseil des chefs d'état-major
des pays membres du Comité d'état-major opérationnel (Algérie, Mali, Mauritanie
et Niger) sonnent comme un rappel. Des engagements pris en août 2009 et qui
avaient notamment abouti à la mise en place d'un comité d'état-major
opérationnel pour combattre le terrorisme et la criminalité dans la région. La
traduction de ces engagements au vu de l'évolution des évènements au Sahel
tarde à se faire ou du moins n'atteint pas le niveau souhaité. La réunion des
chefs d'état-major des armées des quatre pays devait d'abord être l'occasion
d'une évaluation de la situation sécuritaire et à échanger des informations et
des analyses. Inévitablement, un bilan des actions menées dans le cadre de
cette stratégie anti-terrorisme et anti-criminalité devait être fait. Cette
session, a dit le chef d'état-major de l'armée algérienne est une occasion de
«débattre les termes de notre coopération», de lui donner «plus de maturité» de
«lever les incompréhensions qui persistent» et de «dégager les solutions
idoines, en vue de renforcer l'action effective et concertée et atteindre,
par-delà, les objectifs tracés dans notre stratégie de lutte contre le
terrorisme et la criminalité organisée».
Donner plus «de vitalité et d'efficience»
Il s'agit avant tout, selon le général Gaïd Salah, de respecter les engagements
pris par différentes parties. Les «évolutions» de la situation depuis la
réunion du 12-13 août 2009 à Tamanrasset commande, selon le responsable
militaire algérien, de «respecter nos engagements et à passer à l'action sur le
terrain des opérations». Toute la tonalité du discours du chef d'état-major
vise à réarmer le dispositif commun, à lui redonner plus de tonus alors que
durant les derniers évènements il a semblé très absent. Cela est possible, a
estimé le général Gaïd Salah, si nous parvenons à «insuffler plus de vitalité
et d'efficience à notre coopération, en traduisant de la plus forte manière nos
engagements, par des actions de lutte antiterroriste bien préparées et bien
coordonnées entre nos forces armées». A l'évidence, il s'agit bien d'essayer de
resserrer les rangs et d'éviter la dispersion, terrain favorable au
développement du terrorisme et de la criminalité et, également, d'ingérence
étrangère contreproductive. L'un des enjeux majeurs de la réunion est bien de
réaffirmer, en dépit des comportements récents de la part des Etats de la
région, le principe d'un traitement régional du problème.
Une réponse «autonome et collective»
Le colonel Mabrouk Sebaâ, porte-parole de la région, l'a clairement
laissé entendre en soulignant que la réunion du Conseil des chefs d'état-major
des pays membres du Comité d'état-major opérationnel conjoint, traduit la
détermination des pays de la région à prendre en charge de «façon autonome et
collective» les problèmes sécuritaires. La précision n'est de pas de pure forme
à l'heure où la tentation d'intervention militaire française directe est très
forte en raison, il est vrai, de l'affaire des otages. Le message ne s'adresse
pas seulement aux Français mais concerne également les Américains qui peuvent
trouver argument du «réchauffement» de la situation au Sahel pour relancer les
pressions en vue d'une présence militaire directe. Pour le colonel Mabrouk
Sebaâ, résolument optimiste, la réunion est une «confirmation avérée du respect
de tous les engagements pris par les forces armées des pays membres et un
message clair pour exprimer leur volonté et leur détermination, ainsi que leur
capacité effective à prendre en charge, de façon autonome et collective, leurs
questions sécuritaires en toute liberté et en toute souveraineté». Le colonel a
estimé par ailleurs que la réunion est arrivée en «temps opportun» au regard de
«la succession des derniers évènements survenus dans la région». La lecture -
partagée ? - de ces derniers évènements a conduit les chefs d'état-major «à
chercher les moyens de promouvoir et stimuler leur coopération en vue
d'instaurer, ensemble, un mécanisme adapté pour faire face, avec toute la
rigueur requise et l'efficacité escomptée, au phénomène terroriste et ses
ramifications».
On ne saurait mieux dire que les
Etats de la région doivent faire face à un défi clair : démontrer, sur le
terrain, et de manière coordonnée qu'ils sont capables de faire face, par leurs
moyens, au terrorisme et à ses «ramifications» et qu'une intrusion de forces
étrangères est inutile et dangereuse. C'est clairement le souhait des
responsables militaires algériens. Est-ce le cas des pays voisins qui ont
montré ces derniers mois qu'ils sont, à des degrés divers, assez perméables aux
pressions étrangères ? Le terrain tranchera…
-
Votre commentaire
Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Posté Le : 27/09/2010
Posté par : sofiane
Ecrit par : Salem Ferdi
Source : www.lequotidien-oran.com