Retraites : Une semaine décisive

Ce sera le chant du cygne, ou, au contraire, l'amplification ferait entrer la France dans une dynamique dont on peut aisément imaginer les débordements.Comme en 1995, où la rue avait fait reculer le gouvernement, ou en 2006 où la protestation avait fait capoter le Contrat première embauche (CPE). Un dernier sondage paru dans les colonnes du Journal du dimanche, hier dimanche, laisse entendre que 71 % des Français sont pour la journée d'action du 12 octobre contre la loi sur les retraites, puis celle annoncée du samedi 16 octobre.  Ces deux jours sont trop proches l'un de l'autre pour que cela ne sente pas le soufre... Les sondeurs de l'institut Ifop affirment d'ailleurs que les réponses des personnes interrogées prouvent une fermeté appuyée du refus de la loi présentée par le gouvernement Fillon. Alors que le très catholique président français Sarkozy est allé chercher ces derniers jours l'onction du pape au Vatican, les jeunes se sont mis en mouvement à  la fin de la semaine dernière, et leur retour dans la rue dès ce lundi n'est pas de bon augure pour le pouvoir. Toutes époques confondues depuis un célèbre mois de mai 1968, les gouvernements français ont redouté l'intervention juvénile qui change complètement le rapport de force. On peut contenir un mouvement ouvrier qui peine à  durer tant les coupes dans les salaires des grévistes pénalisent plus d'un manifestant.L'inquiétude croissante va àªtre visible dans les rues ce mardi et selon les analystes universitaires, tel le Centre de recherches politiques de sciences po, l'ampleur du mouvement réveillerait toutes les contestations de ces derniers mois face aux mesures et attitudes antisociales, xénophobes et parfois liberticides du régime Sarkozy. La fusion de ces mécontentements serait alors catalysée par l'opposition radicale à  l'allongement de la durée de travail dans un pays où 10% de la population active est au chômage. Et même si la tension baisse d'un cran, cela ne fera que mettre un inutile couvercle sur la marmite.