Algérie

RETRAITES EN ALBANIE


Les retraités d'Albanie sont les plus mal lotis de la région des Balkans en Europe : une génération sacrifiée. Les quinze années passées dans le charbon et la peur de l'accident mortel sont un lointain souvenir pour l'ancien mineur Emin Bakulli, 61 ans, qui va chercher sa pension.
La guichetière a vite fait de compter les billets : 7 500 leks, à peine 50 euros. Tout juste de quoi s'acheter du pain : «Voilà le fruit de mes années de labeur», dit-il avant de mettre l'argent dans la poche intérieure de sa veste et de fermer celle-ci avec une épingle à nourrice. Avec sa retraite d'à peine quelques euros de plus, Xhemal Hoxha dit pouvoir s'offrir tout juste ses cigarettes et son café quotidien. Et cet ancien agriculteur ne cesse de bénir ses fils, partis en Angleterre, qui l'aident à boucler les fins de mois. Les allocations de retraite varient en fonction des métiers et de leur pénibilité. Les mineurs ont un traitement spécial qui vient compenser des poumons noircis par le charbon ou les accidents de travail. «Mais c'est encore insuffisant», déplore le président de l'association des mineurs. Les anciens militaires s'en sortent mieux que les autres, surtout les officiers. L'Albanie compte officiellement 470 000 retraités, soit près de 16% de la population. Les contributions des actifs financent à peine la moitié de ces retraites, l'Etat verse la différence, mais cela ne suffit pas à atténuer les difficultés des anciens, en particulier ceux des zones rurales. «Les retraités albanais sont les plus mal lotis de la région», affirme le président de la Fédération des syndicats de retraités d'Albanie. Selon lui, près de 110 000 retraités vivent seuls et ont besoin d'aide. Ces hommes et femmes ont vécu deux régimes opposés et en viennent parfois à regretter l'époque communiste, quand les soins médicaux étaient gratuits, les factures d'électricité et les aliments de base abordables, et la retraite moins pénible. «Un de mes amis est tombé en dépression et s'est suicidé», dit Xhemal Hoxha. Les retraités albanais du XXIe siècle ont sacrifié leur jeunesse à la construction du pays et ils passent les années qu'il leur reste à faire face à la maladie et à la pauvreté. Peu à peu, ils s'en iront, laissant leur place devant le guichet à de plus jeunes qui espèrent toucher un peu plus. Finalement, l'âge et les séquelles d'une vie de labeur ne sont pas les seules causes de la dépression de nos anciens. Pour certains, c'est surtout l'angoisse du pain quotidien.


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