Algérie

Retrait du msp du gouvernement : l'énigme Ghoul



Retrait du msp du gouvernement : l'énigme Ghoul
Le Mouvement de la société pour la paix (MSP) a rendu publique sa décision de ne pas participer au prochain gouvernement. Comble du paradoxe, dans l'entourage de cette formation, il est fait état d'une probable reconduction de Amar Ghoul, élu MSP et actuellement ministre des Travaux publics, au même poste dans le prochain Exécutif.
«Je suis au service de l'Etat.» Cette phrase lourde de sens n'est ni de Abdelaziz Belkahdem ni de Ahmed Ouyahia, mais émane de Amar Ghoul, ministre des Travaux publics et militant du Mouvement de la société pour la paix (MSP). Amar Ghoul, selon certaines indiscrétions, aurait pris «goût» aux avantages que lui confère le poste de ministre. Un portefeuille qui lui aurait été très «bénéfique» pendant de longues années. Il lui servirait également d'«immunité» et de «sécurité» compte tenu des affaires qui l'opposent à la justice. M. Ghoul, pour rappel, est accusé dans une affaire de corruption dans le très ombrageux scandale politico-financier de l'autoroute Est-Ouest.
Il a été auditionné par écrit par le juge d'instruction de la 9e chambre du pôle criminel spécialisé du tribunal d'Alger. Il a été gravement mis en cause par un directeur de l'Agence nationale des autoroutes, dans un rapport qui a déjà abouti à l'inculpation du secrétaire général du ministère des Travaux publics, incarcéré, et du directeur de cabinet du même ministre, sous contrôle judiciaire. Corps du délit : le «chantier du siècle», qui devait relier Tlemcen à Annaba sur 1216 km, est transformé en un gouffre financier, dont le coût initial de 11 milliards de dollars a été revu à la hausse avec un supplément de 7 milliards. Le groupe japonais bénéficiaire de cette rallonge aurait versé de fortes commissions au ministre et à ses proches collaborateurs (militants du MSP) pour obtenir le marché, avant de le céder en sous-traitance à des entreprises aux compétences douteuses. Dans sa déposition, Amar Ghoul nie en bloc les accusations portées contre lui par plusieurs personnes impliquées dans cette affaire.
Autre affaire, celle qui remonte à l'époque où il avait la gestion du portefeuille de la Pêche : il était accusé d'avoir mal géré le Fonds de relance économique destiné à ce secteur. Des enveloppes financières auraient été débloquées pour l'achat de bateaux qui n'ont jamais vu le jour...
Ces affaires qui ont terni l'image de M. Ghoul ne l'ont pas trop inquiété ; il bénéficie à ce jour d'une immunité, comme celle dont jouissent tous les ministres. Son opposition au retrait de son parti du gouvernement peut s'avérer donc largement justifiée eu égard à la crainte de voir partir les nombreux avantages dont il bénéficie. Toutefois, cette position ne fait pas l'unanimité ; elle divise presque le parti qui est sorti vaincu des élections législatives du 10 mai. Pour trancher, les dirigeants du MSP ont tenu des réunions marathon et, hier, ils ont cru trouver la parade : ils ont décidé, certes, de quitter le gouvernement, mais cette décision n'est pas définitive puisqu'elle sera revue par le conseil consultatif du MSP si le président de la République opte pour la reconduction des ministres du MSP dans le nouveau gouvernement.
A quoi répond une telle logique ' Pourquoi autant de tergiversations pour quitter le gouvernement ' Certains hommes politiques n'hésitent pas à qualifier la décision du MSP d'«offre de services déguisée» et non pas de «position politique» car un parti qui se respecte tranche dans l'immédiat et définitivement une question dont dépendent sa survie et sa crédibilité. Selon nos sources, le problème du MSP réside dans la personne de Amar Ghoul. Celui-ci aurait signifié ouvertement aux dirigeants de sa formation son refus de quitter le gouvernement. Le portefeuille qu'il occupe a «servi» aussi le parti et ses militants.
En dépit de ses démêlés avec la justice, M. Ghoul reste imperturbable. Certains estiment que cet homme apparemment de contact facile et inspirant la «sympathie» tire son assurance de ses relations avec le président de la République. Il est surnommé, d'après nos sources, le «chouchou de Bouteflika» et est «son protégé». Par conséquent, M. Ghoul ne refusera jamais une injonction ou proposition du chef de l'Etat, quitte à sacrifier son parti ! La composition du gouvernement demeurant exclusivement du ressort du président de la République, il lui appartient de juger de l'opportunité de l'annonce du changement. Avec ses multiples entrées et accointances avec le pouvoir, on voit mal le MSP décliner une offre de Bouteflika. Jusqu'à l'heure actuelle, le gouvernement continue d'obéir à une logique de clientélisme. Une constante du système politique algérien.




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