Depuis que le Président américain Donald Trump a annoncé «le retrait des troupes américaines» présentes dans le nord-est de la Syrie avançant que le groupe terroriste Daech est en grande partie «vaincu», les différents acteurs du conflit syrien tentent de se repositionner sur l'échiquier géostratégique relatif à la crise qui frappe le pays.Considérant cette décision comme une véritable aubaine, Ankara menace depuis plusieurs semaines de lancer une nouvelle offensive contre les Unités de protection du peuple (YPG), un groupe armé kurde considéré comme «terroriste» par Ankara mais appuyé par Washington dans la lutte contre l'organisation autoproclamée «Etat islamique (Daech/EI)». Ankara entend empêcher, ce qu'elle appelle la création à ses portes d' «un embryon d'Etat kurde susceptible de raviver les velléités séparatistes kurdes en Turquie». Le président turc Recep Tayyip Erdogan menace, en effet, de lancer une offensive militaire dans le nord de la Syrie pour chasser «ces miliciens des Unités de protection du peuple (YPG)» que la Turquie considère comme des «terroristes».
Toutefois les desseins de la Turquie se sont opposé encore une fois à la volonté américaine et les menaces du président Donald Trump de «dévaster» l'économie turque en cas d'attaque d'Ankara contre ces milices soutenues par Washington après le retrait annoncé par M. Trump en décembre, des 2.000 soldats américains déployés en Syrie pour combattre les terroristes de Daech/EI. Exhortant les forces kurdes à ne pas «provoquer» Ankara, Trump a menacé de «dévaster la Turquie économiquement si elle attaque les Kurdes», avant d'appeler à la création d'une «zone de sécurité» de 30 kilomètres.
Toutefois, le directeur de la communication de la présidence turque, Fahrettin Altun, a tenu à préciser qu'Ankara «n'est pas l'ennemi des Kurdes», et que seuls les «terroristes» seraient ciblés dans une tentative de dissiper l'amalgame entre les kurdes et les éléments des YPG. Les menaces de M. Trump interviennent alors que le secrétaire d'Etat américain, Mike Pompeo, effectue une tournée au Moyen-Orient, destinée notamment à rassurer les alliés de Washington au sujet du retrait américain de Syrie. Les YPG sont l'un des principaux sujets de discorde entre la Turquie et les Etats-Unis, deux alliés au sein de l'Otan dont les relations se sont sensiblement dégradées depuis 2016.
L'armée syrienne, premier bénéficiaire du retrait américain
Sur le plan politique la décision du retrait des troupes Américaines de Syrie n'est que la concrétisation de l'une des promesses électorales de Trump qui s'inscrit dans sa logique de «America First». Autrement dit, retirer les troupes américaines des zones de conflits obéit, selon bon nombre de spécialiste, à une logique «purement mercantile» dans la mesure où le retrait des troupes américaines du bourbier syrien éviterait toute protection au Moyen-Orient sans rémunération. Dans ce contexte, il convient de souligner que l'administration américaine a dépensé environ 70 milliards de dollars pour mener sa mission militaire en Syrie pour un résultat peu reluisant si l'on considère que certains éléments de Daech sont toujours actifs en Syrie et en Irak.
La Syrie est transformée depuis des années en une arène où s'affrontent des forces locales, régionales et internationales et par conséquent le premier bénéficiaire du retrait américain est bien le gouvernement syrien soutenu par la Russie, qui semble reprendre le dessus et le contrôle de la situation pour reconquérir la totalité de son territoire menacé sérieusement durant toute la durée du conflit. Tirant profit de la situation politique et stratégique actuelle, le gouvernement syrien serait en mesure de restaurer son totale autorité militaire et politique à travers toute la Syrie, tout en promouvant des solutions politiques plutôt que militaires dans la mesure ou la situation actuelle est en son avantage. C'est dans cette perspective que le président Poutine a salué la décision de Trump et l'a qualifiée de «correcte», estimant que la présence des forces américaines en Syrie «n'était ni légitime ni légale», car ni le gouvernement syrien ni le Conseil de sécurité de l'ONU n'avaient demandé l'intervention militaire des Etats-Unis.
C'est pourquoi la décision américaine n'a pas fait l'unanimité dans le monde car les alliés des Etats-Unis en Syrie, tels que la France, la Grande-Bretagne et le Canada n'étaient pas enthousiastes suite à la décision du retrait des troupes américaines de Syrie, parce que le «vide stratégique» créé par ce retrait pourrait rendre ces pays en position de «vulnérabilité», a-t-on indiqué. Dans ce contexte, les nombreuses déclarations officielles françaises ont confirmé que Paris ne quittera pas la Syrie avant l'éradication totale des terroristes de Daech dans la région.
Par ailleurs, la décision de retirer les troupes américaines de Syrie coïncide avec une autre décision du président Trump de retirer 7000 soldats américains d'Afghanistan et une grande volonté des Etats-Unis de renforcer leurs bases militaires en Irak. La guerre en Syrie qui a fait plus de 360 000 morts a éclaté en 2011 dans le sillage des événement du Printemps arabe. Elle s'est complexifiée au fil des ans avec l'implication de groupes terroriste et de puissances régionales et internationales.
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Posté Le : 15/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : R I
Source : www.lnr-dz.com