L'information est passée quasi inaperçue, éclipsée qu'elle fut par les dégâts provoqués par les intempéries et les débats suscités par les législatives. Pourtant, si on s'y arrête, on ne peut que relever qu'elle est d'une importance capitale. Car, elle est non seulement révélatrice du degré d'évolution technologique et scientifique du pays, mais aussi de la place que ce dernier accorde au savoir, à ses hommes de sciences et à ses chercheurs. Et quand on apprend que l'Algérie n'a enregistré que 150 brevets d'inventions depuis l'indépendance, soit une moyenne de 3 brevets par an, déposés par ses différents centres de recherche, on ne peut que se poser des questions sur le bien-fondé du discours des responsables qui soutiennent que la recherche scientifique bénéficie d'un soutien de plus en plus important. Or, si les chercheurs algériens n'ont rien produit ou si peu, c'est bien parce qu'ils manquent d'infrastructures de recherche et de moyens financiers pour mener leurs travaux et expériences. C'est le Directeur général de la recherche scientifique et du développement technologique, le Pr Hafid Aourag, qui l'affirme. Il enfoncera même le clou en indiquant que nos chercheurs «finançaient eux-mêmes leurs recherches». Mais quand on a une petite idée des budgets colossaux que nécessitent des travaux de recherche, on peut comprendre que ce n'est surement pas avec un salaire, aussi élevé soit-il, qu'on pourra les financer. Donc, contrairement à ce qui est dit, la recherche scientifique en Algérie est plutôt mal lotie. D'ailleurs, le même professeur annoncera une nouvelle source de financement pour les chercheurs. Ça sera les laboratoires de recherche scientifique qui, désormais, financeront les chercheurs, ce qui, selon lui, devrait permettre de doubler le nombre des brevets durant les années à venir. Reste à savoir si les laboratoires ont les budgets nécessaires pour ça et qu'ils pourront donc être la solution aux problèmes de financement des chercheurs. La question reste posée. Car, si on a diagnostiqué le mal et qu'on a trouvé le remède, pourquoi alors rameuter tout le monde pour «faire le point sur la situation en matière de recherche scientifique en Algérie», qui est l'objectif des états généraux de la recherche scientifique, devant être organisés à Oran les 26 et 27 février, pour préparer la troisième loi de la recherche 2013-2017 ' Cette approche consistant à exposer un problème, suggérer une solution et proposer au final une rencontre pour débattre du problème et de sa solution remet en cause la cohérence de la démarche des pouvoirs publics. On ne peut pas soutenir que la recherche est bien prise en charge si on n'a pas créé auparavant l'environnement nécessaire, le cadre idéal, pour le travail du chercheur. On ne peut pas se plaindre de la fuite des cerveaux et demander aux chercheurs Algériens établis à l'étranger de revenir au pays si on n'a pas les moyens de leur fournir ce qui les a décidés à partir, et peut encore amener ceux qui sont restés à les suivre.H. G.
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Posté Le : 25/02/2012
Posté par : archives
Ecrit par : Hassan Gherab
Source : www.latribune-online.com