Algérie

Retour sur un procès : l?affaire des deux médecins d?El-Khroub



Il aura fallu beaucoup de temps aux magistrats de la Cour de Constantine, pour statuer dans l?affaire des deux médecins circonciseurs d?El-Khroub.Cette affaire, qui a défrayé la chronique judiciaire et tenu en haleine l?opinion publique pendant plusieurs mois, s?acheva le mardi 27 mai 2008. Contre toute attente, le verdict tomba comme un couperet en durcissant la sentence du tribunal de première instance. En effet, la Chambre pénale de la Cour retient la responsabilité des chirurgiens de l?hôpital d?El-Khroub et les condamne à une peine de deux ans ferme, assortie d?une amende de 5.000 dinars chacun pour avoir causé un préjudice suite à une mauvaise pratique de la circoncision. -Les faits Comme à chaque Mawlid ou à chaque célébration du 27ème jour du mois sacré de Ramadan, les entreprises et organismes publics organisent des cérémonies de circoncision collective. Le 25 novembre 2005 dans le Constantinois, la commune d?El-Khroub appela deux médecins de l?hôpital de la ville pour circoncire 86 enfants, durant une soirée qui se termina vers les coups de minuit. Quelques jours après, des parents remarquent des complications et 14 enfants furent immédiatement hospitalisés au centre de pédiatrie du Mansourah. Une commission fut dépêchée d?Alger pour expertiser les actes de circoncision. 9 cas ont été jugés sérieux et sont aussitôt transférés vers l?hôpital spécialisé de Béni-Messous dans les environs d?Alger. Devant la gravité du diagnostic, ces enfants furent évacués une seconde fois vers un hôpital belge, mais sans succès.Jugée une première fois devant le tribunal de El-Khroub, les deux médecins impliqués ont été condamnés à quatre mois de prison avec sursis et 5.000 dinars d?amende chacun..A l?appui de leur défense, les médecins ont rejeté toute responsabilité du fait de la défaillance de l?appareil et la défectuosité du système d?alimentation en électricité. La cérémonie s?est déroulée dans une école primaire et non dans une structure hospitalière. Leurs avocats ont plaidé le caractère de l?accident dans le but d?écarter la faute professionnelle.L?expertise médicale mettra l?accent sur le fait que l?appareillage utilisé par les médecins n?est plus conforme depuis 20 ans et de surcroît, «ce genre d?opération ne peut se faire en un court laps de temps.»Â -Commentaires Malgré la médiatisation de ce procès, ce type d?accident n?est pas rare. Très souvent, à la même occasion, les mêmes mutilations sont provoquées. Il y a huit ans, le Professeur Ossoukine dans son ouvrage «Les rites à l?épreuve du droit» avait écrit les passages suivants : «A ces risques (l?imprudence, la maladresse, les risques d?infection et d?inflammation, l?inattention, la négligence... s?ajoutent parfois des complications urinaires, des lésions accidentelles des organes environnants, les complications ultérieurs comme les cicatrices douloureuses sans oublier les cas dramatiques de castration accidentelle. Malek Chebel avait noté qu?à la veille de chaque Mawlid (nativité du Prophète Mohammed QSSL), lors des circoncisions collectives, il arrive que des médecins fatigués par des ablations répétées, ou prenant démesurément confiance en eux, attentent littéralement au gland de l?enfant en le lésant gravement, parfois en le châtrant complètement». Dans cette affaire, plusieurs éléments se bousculent. Les fautes commises par les deux médecins incriminés se juxtaposent et se succèdent en défiant le simple bon sens; des circoncisions sont pratiquées collectivement, dans une école, pendant la nuit, sans examen préalable du dossier médical de chaque enfant, avec un matériel défaillant... Le tout sans se soucier le moindre du monde si l?acte médical (chirurgical) porté sur organe sain d?un enfant non malade était licite ou pas ? Mais avant de discuter de la médicalisation du rite, voyons d?abord quels sont ces fondements religieux qui dictent la persistance d?une pratique élevée au rang de la liturgie, alors qu?elle n?est en fin de compte qu?une mesure prophylactique, recommandée au même titre que d?autres actions strictement liées à des considérations d?ordre hygiénique sans plus. Le respect de la pratique de la circoncision témoigne d?une obéissance sans faille, à un fait cultuel qui l?insère dans un domaine inviolable, s?opposant par définition au profane, c?est-à-dire «hors du temple». Ainsi, de simple mesure de salubrité corporelle, la circoncision pénètre le domaine du sacré par des mythes fondateurs dont la religiosité reste à préciser.   Fondements religieuxde la circoncision


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