Fenêtre ouverte sur le passé, le patrimoine archéologique d’Aïn-Témouchent, qu’il soit à ciel ouvert ou conservé dans les musées, renseigne sur l’histoire millénaire de toute la région.
Outre les vestiges conservés au musée Ahmed Zabaha d’Oran, à l’instar des deux chapiteaux dits de la déesse Maura, mis à jour en 1893, sur le même terrain où fut exhumé quelques années auparavant le document épigraphique commémorant la restauration du temple de cette déesse à Albulae ou encore cette stèle chrétienne datant du Ve siècle, il existe à Aïn-Témouchent d’autres vestiges historiques méritant une prise en charge effective des autorités concernées afin de les préserver et permettre leur transmission aux générations futures.
Site archéologique de Siga
Cette cité antique, jadis capitale numide, devenue ensuite ville romaine est située au lieu-dit Takembrit, sur la rive gauche, non loin du fleuve Tafna, commune d'Oulhaça El Gheraba.C’est au sommet de la colline « Skouna » à 220 mètres d’altitude que se trouve le site archéologique et historique.
Bien que le nom de Siga ait été cité dès le IVe siècle avant J.-C. par plusieurs auteurs comme Polybe, Pline l'ancien, Strabon, ou Pomponius Mela, il n’en demeure pas moins qu’on ne sait pas trop de choses sur ce site, si ce n’est ce que les fouilles ont révélé. C’est dans les années 1930 que des chercheurs commencent à manifester de l’intérêt pour ce site. En 1937, plus exactement, Pierre Grimal y effectue les premières fouilles. Il note dans ses recherches que la population de Siga avoisinait durant la période antique quelque 8000 habitants. Par ailleurs, il relèvera l’existence d’édifices érigés en hauteur. «Sur plus de 4,50m, je n’ai pas rencontré le sol vierge», écrira-t-il. Il ajoutera, par ailleurs, que parmi les vestiges et objets mis au jour, certains appartenaient à la période numide et d’autres à la civilisation romaine.
En 1978, d’autres fouilles archéologiques seront engagées par une équipe algéro-allemande où des vestiges seront mis au jour. Ainsi, ont été découverts les restes d’une habitation composée de plusieurs pièces, des gravures murales, des outils agricoles et hydrauliques, ainsi que des pièces de monnaies frappées à l’effigie du roi Syphax et de son fils Firmin, la toute première monnaie d’Afrique du Nord. Mais depuis, le site n’a pas révélé d’autres secrets. Classé monument national en 2014, il a été inscrit dans le plan de protection et de mise en valeur des sites archéologiques adopté la même année par l’APW d’Ain-Temouchent. Pourtant, il continue à être exposé à des actes de vandalisme et de pillage d’où la sonnette d’alarme tirée par plusieurs associations locales, à l’instar des « Amis de Beni Saf », « Siga » ou encore l’Office du tourisme de Beni Saf pour que les autorités compétentes agissent au plus vite pour que le site soit enfin protégé.
Dernièrement une équipe de chercheurs tchèques a été dépêchée sur les lieux afin d’établir un premier diagnostic, avant que ne soient envisagées voire engagées d’autres actions concrètes en vue de réhabiliter ce site.
Posté Le : 31/03/2018
Posté par : patrimoinealgerie
Ecrit par : Hassina Amrouni
Source : memoria.dz