Algérie

Retour sur les émeutes de mardi



51 interpellations à Gdyel Un calme très précaire semblait s’être instauré hier à Gdyel, mais les dégâts très visibles de la veille confirmaient que le malaise était bien réel, un malaise auquel s’ajoute le spectre des harraga dont cette localité n’est pas épargnée... L’odeur de pneus brûlés et des édifices incendiés couvrait encore, hier matin, la localité de Gdyel, distante d’une vingtaine de kilomètres d’Oran. Et l’onde de choc vécue la veille n’est pas près de disparaître de sitôt tant la violence des actes de vandalisme nés suite à l’inattendue émeute qui a mis en émoi même les localités limitrophes. Une soixantaine d’arrestations et des édifices publics complètement ravagés par le feu: tel est le désolant constat d’un premier bilan donné au lendemain du mouvement de protestation qui a démarré mardi aux environs de 18 heures à Gdyel dont le bureau de poste, incendié par une foule de jeunes incontrôlés qui se sont pris au distributeur automatique de billets, a été complètement détruit. Au même moment, un autre groupe de jeunes s’en prenait au tribunal, à son tour totalement incendié. Le siège de la CNAS de Gdyel, haut de quatre étages, devait subir le même sort. Des quatre étages se dégageait une fumée noirâtre qui en disait long sur l’acharnement des révoltés. Tous les documents officiels qui se trouvaient dans ces édifices ont été pillés et détruits. Les dégâts auraient pu être encore plus importants n’était l’arrivée en renfort des forces anti-émeutes, mais aussi l’intervention de certains citoyens. En effet, au moment où un groupe de jeunes se dirigeait vers le siège de la mairie pour y mettre le feu, un autre groupe s’y est opposé. Cela a déclenché une altercation causant une importante blessure au bras à une des personnes qui s’est opposée aux émeutiers. Toujours est-il, et selon des sources concordantes, les services de sécurité ont procédé à l’interpellation de 51 personnes (15 mardi soir et 36 hier) identifiées parmi les émeutiers, au moment où un dispositif sécuritaire draconien a été observé hier en début de journée. Des responsables, rencontrés sur les lieux, diront que rien ne prédisait ni n’expliquait un tel gâchis et que tout semblait calme jusqu’au déclenchement subit de l’émeute. Un autre responsable affirmera que «cela semble avoir été préparé, vu la rapidité avec laquelle les événements se sont produits». De leur côté, des citoyens, notamment des jeunes, disent tout à fait le contraire. «Tout cela était prévisible, dira un jeune, mais de là à dire que c’était préparé, c’est qu’on ignore de quoi pourraient être capables des jeunes dont les doléances ne sont pas prises en considération.» Des explications avancées ça et là relient l’émeute à la fermeture du marché hebdomadaire, aux saisies répétées par le service d’ordre des marchandises, principalement des légumes proposées à la vente par des jeunes revendeurs. «On interdit aux jeunes d’exercer le commerce illicite et on procède à la saisie de leur marchandise, en revanche l’on est incapable de leur offrir une alternative», dira un jeune. D’autres citoyens feront le lien avec la distribution des locaux commerciaux, une quinzaine sur les 45 existants, ce qui a accentué la colère des habitants. A ce propos, les jeunes lancent justement un appel d’urgence aux pouvoirs locaux pour accélérer la réalisation des 100 locaux et leur attribution aux jeunes dans les plus brefs délais. Enfin, pour d’autres, le taux de chômage élevé est l’unique cause qui a poussé à l’émeute. En somme, pour la majorité des habitants de la commune, ce sont les pressions sociales subies par les jeunes de la commune qui ont alimenté l’explosion de la situation et le chômage en est le principal vecteur. A noter que les services de la wilaya d’Oran ont procédé, hier, à la mise en place d’une cellule de crise, à laquelle sera confiée la mission de suivre de près l’évolution de la situation dans la commune de Gdyel et préconiser les mesures susceptibles de contenir la colère populaire. Selon des sources informées, les membres de cette cellule devraient prendre contact avec les habitants de la commune, notamment les jeunes, afin de prendre connaissance de leurs doléances et préoccupations majeures. A noter que les questionnaires qui seront utilisés dans le recensement lancé hier, comprendront pour la première fois des questions sur des sujets d’ordre social dont «les harraga» et les mères célibataires Zitouni M.


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