Algérie

Retour sur la Palme d?or Cannes, après coup



Aucun des 4000 journalistes, qui ont couvert le 61e Festival de Cannes, n?aurait imaginé un seulinstant que le jury allait donner la Palme d?or au film français Entre les murs, de Laurent Cantet. Après coup, le Festival fini et la fièvre de la Croisette déjà disparue de nos souvenirs, on est abasourdi de voir le tintamarre que fait la presse française, qui n?y croyait pas non plus, autour de ce film, affublé tout à coup de grotesques commentaires ultra- élogieux et récupéré par le gouvernement Sarkozy, qui a toujours montré un dédain absolu pour les collèges fréquentés par la « racaille » des fils d?immigrés. Ce film primé est du genre docu-fiction très banal, sans aucun attrait cinématographique, fait comme une méchante émission de télé à prétention éducative et sociale. Sous les palmes de la Croisette et dans le panache de la salle Lumière, on a vu dans le passé de vrais et d?authentiques chefs- d??uvre couronnés par la Palme tant convoitée. Peut-on effacer de nos mémoires Chronique des années de braise, Apocalypse Now, La Bataille de Narayama, La Dolce Vita, Paris-Texas, et tant d?autres ?uvres inoubliables ? Mais avec la Palme d?or de cette année, nous avons le triste sentiment que le prestige même de la Palme d?or de Cannes a cessé d?exister. Avec le temps qui passe et le niveau de l?art qui dégringole, on voit à Cannes de grands chefs-d??uvre du passé montrés dans une section-ghetto : Cannes classics, où peu de gens se bousculent pour les revoir, on a comme l?impression que le cinéma qu?on aime est frappé de malédiction. Il fallait fuir la section « Un Certain regard » par exemple qui a collectionné cette année des films qui sont autant d?énormes ratages. Faillite considérable aussi dans une autre section qui a choisi de montrer l?offensive et misérable production d?Arte, qui hisse comme un drapeau les misérables caricatures du Prophète publiées au Danemark puis en France par des journaux indignes, notoirement stupides. Dans tout cela, le crédit du meilleur cinéma contemporain est apparu, il faut aussi le reconnaître, dans la section officielle -compétition. Clint Eastwood, Wim Wenders, Nuri Bilge Ceylan, Philippe Garrel, Walter Salles ont hissé très haut le niveau de la sélection. Mais le jury de Sean Penn a failli à sa mission en ne reconnaissant pas le mérite de leurs ?uvres. Ceylan et Eastwood et Salles sont cités au palmarès comme à regret. Leurs films pourtant valent dix mille fois celui de Cantet. Mystère donc absolu autour de cette palme qui ne se méritait pas? Certes, on aurait dû prévoir cette catastrophe. Sean Penn, lors de la première conférence du jury, a allumé le feu (tout en allumant deux cigarettes alors que la loi l?interdit). C?était la célébration de Mai 68 et l?acteur californien a prétendu naïvement qu?il fallait rompre avec les grandes ?uvres et voir du côté de l?infiniment petit? A ce rythme, comme Entre les murs, les plus minables productions d?Arte, TF1, France 2 ou Canal+, pourront désormais prétendre à la palme? Curieusement à Cannes, peu de médias après la conférence de Sean Penn, ont osé exprimer haut et fort leur indignation. On accordait à l?acteur hollywoodien, mâtiné de « rebelle », on ne sait pourquoi, le bénéfice du doute sur sa relative jeunesse et son inexpérience totale dans le domaine de jury aussi important que celui de Cannes. On ne se doutait pas alors que lui et son petit groupe allaient gâcher toute la partie.Du coup, le standing de la Palme d?or du Festival de Cannes a subi un dangereux revers cette année. Tandis qu?à Paris, la puérilité des commentaires trop élogieux pour être honnêtes sur le petit film de Cantet ne fait qu?accroître leur mauvaise foi.


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