Algérie

Retour remarqué des subsahariens à travers le pays



Retour remarqué des subsahariens à travers le pays
Depuis le déclenchement du conflit au Mali en janvier 2012, une partie de la population de ce pays voisin s'est réfugiée en Algérie. L'extrême pauvreté, l'insécurité alimentaire et l'instabilité de pays comme le Niger ont poussé des familles entières à quitter leurs villes et villages. La migration concernait dans le passé surtout la gent masculine. Désormais, même les femmes, célibataires, ou mariées et avec enfants, prennent aussi la route à la recherche d'un refuge et d'une certaine stabilité, loin des affres de l'insécurité. Beaucoup de ces malheureux sans gîte ni ressources se sont installés dans les grandes villes du Nord, à Alger et à Oran en particulier, dans l'espoir de trouver du travail.Dans le désespoir, beaucoup d'entre eux, si ce n'est la majorité, ont recours à la mendicité. C'est le cas, ces jours-ci, à Aïn Benian. Plus d'une vingtaine de familles originaires du Cameroun, de la Côte d'Ivoire, du Congo et du Mali investissent, toute la journée et même la nuit, la route des « Dunes », pour y mendier. Installées sur des terrains vagues, à proximité d'une voie rapide, ces familles assaillent les automobilistes de passage pour demander l'aumône. Tasse ou récipient en plastique à la main, hommes ou femmes et même les enfants, sont là à tendre la main pour les quelques sous de quelques âmes compatissantes. « Sadaka » et « Choukran » sont les deux mots utilisés pour susciter la pitié.Espoir et résignationFatimatou est une petite fille voilée. Ces grands yeux noirs reflètent une indescriptible tristesse. Agée d'à peu près 8 ans, elle court dans tous les sens et n'hésite pas à circuler entre les véhicules. Elle tape parfois sur les fenêtres des voitures pour demander la « sadaka ». Intrépide ou inconsciente, elle ne semble pas avoir peur de traverser la grande route. Adossé à un poteau électrique, un quinquagénaire lit le Coran. C'est un Malien qui parle laborieusement le français. Difficilement, en cherchant ses mots, il nous confie que certains jeunes migrants transitent seulement par l'Algérie pour rallier l'Europe. « Nous, nous sommes restés dans l'espoir de rentrer chez nous un jour », dira-t-il. Une femme enceinte est assise à ses côtés. Il s'agit de sa belle-fille. « Elle pourra être admise à l'hôpital pour accoucher et bénéficier de soins avec son bébé », dira-t-il sur un ton plaintif. A l'en croire, « l'argent amassé est envoyé à leurs familles demeurées au Mali. » Cette situation n'est pas dénuée de dangers pour ces migrants parfois victimes d'agressions.L'Algérie solidaireL'Algérie prend en charge les réfugiés maliens jusqu'au retour de la stabilité dans leur pays. Des centres d'accueil ont été aménagés à cet effet dans l'Extrême Sud du pays. Comment expliquer alors ce retour en force et cette visibilité depuis quelques semaines au Nord ' A quelques mètres de la gare de Dar El Beïda, un camp de fortune a de nouveau surgi. Tout près de la voie ferrée, des tentes abritent une soixantaine de personnes qui vivent de la mendicité et de la charité des riverains.Selon Mme Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA), cette subite réapparition s'explique surtout par les raisons climatiques. « Il ne s'agit nullement d'un retour en masse des Maliens ou autres migrants en Algérie. Seulement, les températures très élevées ces derniers mois ont poussé les réfugiés à remonter au nord où le climat est plus ou moins supportable », nous a-t-elle expliqué. « Notre politique actuelle est fondée sur l'humanisme et la liberté de circuler », nous a-t-elle expliqué. « Ce sont des nomades. On ne peut les empêcher de se déplacer. On essaie surtout de répondre à leurs besoins fondamentaux en termes d'hébergement, de nourriture et de soins », a-t-elle ajouté. Selon notre interlocutrice, « l'Etat algérien accorde un intérêt particulier au sort des réfugiés maliens en Algérie et s'occupent de ces ressortissants qui fuient les conditions sécuritaires en leur offrant des moyens de vie décente ».Elle a rappelé aussi que l'Algérie a rapatrié 3.724 Nigériens à la demande du gouvernement de leur pays qui a estimé que les conditions sont depuis devenues meilleures. « La campagne s'est arrêtée pendant le mois de Ramadhan. Elle sera relancée incessamment et le rapatriement des ressortissants de ce pays frère se fera dans la dignité et conformément aux normes et dans le respect des droits de l'homme », a-t-elle assuré.




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