Alors que les consultations menées par Ahmed Ouyahia sur la révision de la Constitution se poursuivent en «vase clos», accentuant ainsi le désintérêt de l'opinion publique, notamment après que d'anciens chefs de gouvernement et personnalités aient décliné l'invitation, les sorties médiatiques d'ex-responsables islamistes se multiplient sur un «soi-disant retour» de l'ex-FIS sur le devant de la scène politique. Certains, comme Madani Mezrag, suggèrent même que le pouvoir prendra une telle décision politique juste après l'adoption de la nouvelle mouture de la Constitution. Cette sortie du bois des intégristes a, quelque part, trouvé un appui à la suite des intentions réelles ou supposées du pouvoir de constitutionnaliser la «réconciliation nationale», ce qui ouvrirait la voie à la généralisation de l'amnistie et de l'indemnisation au-delà du cadre actuel.En l'absence de tout démenti officiel, on peut supposer qu'il n'y a pas de fumée sans feu et que les intentions du pouvoir actuel, avec le quatrième mandat de Bouteflika, ne sont pas éloignées de tels desseins. Celles-ci sont sans doute dictées par une volonté du pouvoir actuel d'élargir sa base aux islamistes les plus radicaux, notamment face à une opposition qui multiplie les initiatives pour une transition démocratique, voire la recherche d'un consensus national auquel semble tenir le FFS d'Aït Ahmed.Une telle polarisation du champ politique viendrait à remettre en question le monopole de l'initiative du pouvoir autoritaire actuel. En effet, jusqu'à présent, rien n'indique que les prémices du changement promis par le clan présidentiel à la veille du quatrième mandat sont en chantier. Bien au contraire, on assiste à un retour en force de l'autoritarisme, notamment dans le champ médiatique où l'ouverture espérée semble s'éloigner de plus en plus. Pis encore, la première interdiction vient de frapper un quotidien en langue arabe sous prétexte de créances impayées dues aux imprimeries, alors que l'on sait que d'autres journaux, autrement plus favorables au quatrième mandat et au clan présidentiel, ont des «ardoises» beaucoup plus lourdes auprès des imprimeries d'Etat sans que cela n'émeuve outre mesure l'actuel ministre de la Communication.Autre signe de durcissement du pouvoir : la fin de non-recevoir à la constitutionnalisation de tamazight. L'autoritarisme se mesure également à l'aune de cette revendication identitaire séculaire, balayée par des faux-fuyants officiels qui cachent mal le refus déjà formulé à plusieurs par Abdelaziz Bouteflika d'officialiser le tamazight depuis son premier mandat et dont vient de se faire l'écho le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, devant les députés, allant jusqu'à exclure tout débat sur la question, fut-il académique.
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Posté Le : 09/06/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Reda Bekkat
Source : www.elwatan.com