Bien qu'elle soit passée presque inaperçue, l'annonce est loin d'être anodine.Les Etats-Unis risquent fort de lever l'interdiction d'exporter du pétrole non raffiné produit sur le territoire américain. La semaine dernière, le Wall Street Journal affirmait que le gouvernement américain aurait autorisé deux firmes texanes, Pionner Natural Resources et Enterprise Products Partners, à exporter dès le mois d'août du condensat ultraléger.Bien que ce ne soit pas une levée ferme de l'interdiction d'exporter instaurée en 1973 au lendemain du choc pétrolier, celle-ci ouvre la voie à une revirement du gouvernement américain à ce sujet. En effet, le département américain du Commerce a développé de nouvelles règles qui assimilent le condensat de gaz ayant subi un raffinage minimum à du carburant, permettant ainsi de contourner l'interdiction d'exportation.Si aux Etats-Unis, une certaine opposition subsiste à la levée de l'interdiction, il ne serait plus surprenant de voir Washington abonder dans ce sens. Une décision qui serait motivée par divers facteurs, mais aurait aussi un impact certain sur le marché.Il est vrai qu'il était attendu que le gouvernement américain s'oriente vers un assouplissement des règles imposées d'autant que les données de certaines instances à l'image de l'Agence internationale de l'énergie tablent sur les effets de la révolution des schistes aux Etats-Unis et qui en feraient le premier producteur mondial de pétrole à l'horizon 2017 et possible exportateur net dès 2030.De fait, les firmes pétrolières américaines tentent de peser de tout leur poids et comptent sur la perspicacité de leurs lobbyistes afin de parvenir à une levée de l'interdiction ; et cela semble, du moins en partie, payer. Si plusieurs membres du Congrès américain plaident pour le maintien de l'interdiction d'exporter afin d'arrimer les prix de l'énergie à un niveau assez bas et en faire profiter l'économie américaine, les firmes pétrolières ne l'entendent pas de cette oreille. Elles cherchent ainsi à aligner les prix internes du baril sur ceux du marché externe afin d'amortir les investissements concédés dans le cadre du développement des gisements non conventionnels. Elles avancent d'ailleurs l'argument selon lequel la perspective d'un retour des Etats-Unis sur le marché en tant qu'exportateur lui permettrait, bien au-delà de l'indépendance énergétique, de créer des emplois et doper la balance commerciale. En tout état de cause, la récente décision du gouvernement américain aura un impact certain sur le marché, même si les traders feignent l'ignorer pour le moment.Une chose est sûre : l'annonce du Wall Street Journal à propos de la capacité des deux firmes américaines de sortir 700 000 barils par jour de condensat ultraléger du pays tombe à pic, au moment où des menaces grandissantes pèsent sur la production de pétrole irakien.Le retour des exportations américaines de pétrole sur le marché pourraient aussi créer des pressions à la baisse des cours, notamment des pétroles légers, parmi lesquels on peut compte le Sahara blend algérien léger.Toutefois, certains analystes misent sur divers facteurs afin d'atténuer l'ampleur de la baisse qui pourrait toucher les marchés, parmi lesquels on peut compter l'évolution de l'offre et de la demande, la réaction de gros fournisseurs et notamment ceux de l'OPEP face à la nouvelle donne du marché, l'évolution des investissement dans le secteur, mais aussi et surtout la volonté des firmes de maintenir un prix du baril qui permettrait de financer les investissements dans l'amont pétrolier et gazier, notamment pour ce qui est des hydrocarbures non conventionnels.
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Posté Le : 06/07/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Roumadi Melissa
Source : www.elwatan.com