Algérie

Retour de Khartoum



Souvent absent, régulièrement autoritaire et inutilement méprisant, l'État algérien vient de renaître à l'occasion d'une spectaculaire démonstration de force à portée nationale et internationale. A ce titre et en tant qu'algériens, on pourrait parler pendant des mois de ce bien fou d'avoir enfin un Etat, et en tant qu'état, d'avoir à sa base un peuple si formidable. Car il fallait le faire, après l'humiliation du Caire, réagir avec la seule véritable force que possède l'Algérie : ses millions d'Algériens mal- aimés, mal logés et mal payés mais qui ont un c'ur aussi grand que les deux millions et demi de kilomètres carrés qui les enferment.A ce titre, l'opération Khartoum, à mettre sur le compte du président Bouteflika, est la première action populaire et consensuelle depuis 1999, où Etat, armée et peuple se sont unis dans un seul but, aller à Khartoum défendre un honneur perdu et ressouder une nation éparpillée par la guerre, l'exil, la mauvaise gestion et la rapine. Air Algérie, l'ANP, la Protection civile, le Samu, les Affaires étrangères, l'ambassade d'Algérie à Khartoum, le ministère de la Solidarité et, surtout, cet incroyable peuple qui, comme un seul bras, s'est allongé sur 5000 kilomètres avec 10 DA en poche, ont tous concouru pour une des plus belles victoires nationales depuis des décennies.Cette épopée ' qui dépasse le cadre du football ' passée, comment récupérer toute cette force et ce pressant besoin d'union pour en fabriquer du développement, de la justice et de l'ouverture démocratique en interne, en dehors de cet ennemi extérieur qui a soudé l'Algérie sans le vouloir ' Toute la question est là et les réponses tomberont dans les prochaines semaines, une fois la liesse passée. Le Président peut savourer sa victoire, mais en récupérant l'opération Khartoum uniquement en termes de dividendes politiques pour asseoir un pouvoir illimité et sans dialogue, il commettrait une erreur fondamentale. Dans quelque temps, la joie sera oubliée et l'Algérie devra régler ses propres problèmes sans l'Égypte, même si, heureusement, il restera de Khartoum l'anecdote historique.Terrible et magnifique comme ces milliers d'Algériens au Soudan, armés de couteaux et de drapeaux pour affronter des chars militaires et des instances internationales. Amusante et incroyable, comme ces Soudanais au stade de Khartoum, reprenant sans comprendre « oulach smah oulach ». Misérable et pathétique comme ces pleureuses égyptiennes qui ont lâchement frappé en premier et chez elles pour se plaindre ensuite à la FIFA, à l'Union africaine et à Hillary Clinton. Silencieux bien que bruyants, les Algériens ont bien fait comprendre aux Égyptiens qui ont tenté d'attaquer l'ambassade algérienne au Caire, de retour du Soudan, que s'ils auraient vraiment voulu se battre, ils l'auraient fait à Khartoum, où ils sont très présents, dans cette ville qu'ils ont eux-mêmes choisie. On a eu beau les chercher, ils n'étaient pas là, retranchés dans leurs quartiers sécurisés par l'armée soudanaise.Il ne faut pas le perdre de vue, l'Algérie a gagné football et debza parce que les Algériens sont montés en masse à Khartoum avec un message très clair à leur équipe de football : jouez au ballon, juste au ballon, on s'occupe de tout le reste.


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