Algérie

Retour de flamme



Excellent reportage de notre collègue Saïd Aït Mebarek dans l'édition du Soir d'Algérie d'hier. Il y était question du retour à la vie dans Larbaâ-Nath-Irathen, ses nombreux villages, ses hommes et ses femmes. Les femmes, les hommes et la terre de Fort-National et d'ailleurs reviennent. Ils sont revenus de l'enfer, de tous les enfers, de quelques désillusions et parfois d'outre-tombe. Mais ils sont surtout revenus à la vie, la seule, l'unique qui vaille la peine d'être vécue. Maintenant que le feu et ses flammes ne sont plus qu'un cauchemar pour beaucoup de gens, pour l'essentiel des forêts et pour toutes les chaumières, il faudra bien y revenir. Revenir, non pas pour le « spectacle » mais pour panser les plaies, faire renaître le sourire et peut-être bien conjurer le sort. Qu'on ne s'y méprenne pas, en dépit du flot d'informations qui parvenaient de tous les coins touchés par la catastrophe, en dépit des performances technologiques d'aujourd'hui et en dépit de la mobilisation dans ses différentes déclinaisons, beaucoup d'Algériens ne savent pas ou ne savent pas encore ce qui s'est passé. Il fallait être dans les entrailles du brasier, témoin « privilégié » ou acteur impliqué dans une vraie initiative de solidarité pour connaître les faits, les effets, puis quelques autres petites et grandes choses survenues dans le... feu de l'action. Ne vous y arrêtez surtout pas, ce n'était pas un jeu de mots. Il faudra relater avec la gravité qu'elle mérite l'histoire de cette femme morte avec ses deux filles dans les bras. Non pas pour pleurer mais pour construire, pour ne plus pleurer autant. Il faudra raconter ce jeune agriculteur dévoré par les flammes alors qu'il était en train de sauver ses bêtes. Tout le monde a le droit de savoir, de s'émouvoir et pourquoi pas retenir quelque leçon - sans morale - de ceci : quelque part dans son pays, la générosité de ses frères a permis à une femme qui pleurait sa vache de retrouver une... vache et sa « fille » comme il est dit dans une formule du terroir. Il va falloir raconter cet autre jeune éleveur à qui on a presque forcé la main pour accepter l'aide des siens. Il voulait se refaire tout seul, exactement comme il s'est fait. Il va falloir ramener des images de chantiers qui s'ouvrent et des grilles qui se ferment au nez du malheur. Un jour, et le plus proche sera le mieux, il faudra raconter toutes les belles histoires dont on ne savait pas qu'elles étaient belles par ce qu'elles ont eu lieu en enfer. Il faudra revenir sur ceux qui ont perdu la vie et ceux qui ont fait que la vie soit à nouveau possible. Il faudra que tout le monde en prenne connaissance, non pas pour pousser un soupir triste autour du feu mais pour se rappeler que, dans une autre vie, une terre a dangereusement brûlé, des femmes et des hommes sont morts et d'autres ont sauvé la flamme.S. L.


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