Algérie

Retour d'écoute



Du côté du Front Polisario, on n'attend pas grand-chose desnégociations directes avec le royaume marocain dont le premier round est prévule 18 de ce mois aux Etats-Unis. N'empêche, le ministre des Affaires étrangèresde la RASD, Mohamed Salem Ould Salek, rappelait ce lundi à Alger l'engagementque prendra la partie sahraouie si l'option de l'indépendance l'emportait: laconclusion d'accords avec le trône marocain dans les domaines économique,sécuritaire, politique et humain. La question se pose alors: jusqu'où doitaller le Front Polisario dans ses concessions pour espérer avoir un retourd'écoute marocain en phase avec une solution politique permettantl'autodétermination du peuple du Sahara Occidental ?Il est fort à craindre que le Front Polisario évolue sur unregistre autre que celui dans lequel s'est inscrit depuis des lustres leroyaume chérifien. Etant dit que le Maroc n'est pas à sa première version d'unprojet d'autonomie sahraouie au sein du royaume et n'a jamais envisagé l'avenirdu Sahara Occidental autrement que sous sa tutelle. Car si concessions il doity avoir, le Maroc s'estime en détenir l'exclusivité puisqu'il a toujourssoutenu qu'il n'a rien à prendre mais plutôt à céder au peuple sahraoui.Dans cette logique qui a d'ailleurs emporté l'adhésion denombre de pays occidentaux, le Front Polisario a bien des raisons de faire sondeuil sur une solution politique qui s'ouvre sur l'autodétermination, avantmême d'avoir engagé les négociations avec la partie marocaine. En effet, leMaroc semble d'ores et déjà avoir posé les termes des négociations directesavec la partie sahraouie. Exit les relations extérieures, la défense,l'économie, le contrôle des frontières... le Maroc n'est disponible que pourdiscuter sur l'opportunité d'un gouvernement régional supervisant la viequotidienne dans les domaines de l'éducation, du tourisme et les servicessociaux. Autant dire un vrai marché de dupes.D'autant mieux que l'évolution du dossier du SaharaOccidental n'est plus favorable au Maroc et s'éloigne irrésistiblement du pland'autonomie pour s'engager désormais sur une pente glissante. Et il faut direque l'intransigeance du Maroc ne procède pas d'une position de force, maissuggère, surtout si la partie sahraouie venait à obtenir gain de cause, d'unecrainte d'instabilité du royaume marocain à laquelle la monarchie aura beaucoupde mal à survivre. Telle qu'elle est présentée, la vision marocaine du statutfutur du Sahara Occidental n'offre rien de séduisant pour le Front Polisario.Elle souligne plutôt l'incompatibilité de deux intérêts. N'est-ce pas que pourle royaume chérifien, la souveraineté sur ce qu'il considère ses «provinces duSud» reste non négociable.Dans cette veine, l'on peut supposer que la partiemarocaine ira à Manhasset (Road Island) pour discuter des détails du pland'autonomie présenté à l'ONU. Rabat n'en fait pas d'ailleurs mystère: le projetconstitue «la seule et unique solution» pour mettre un terme à ce conflit sansfin. Pourra-t-on vraiment parler de négociations quand une partie a pris optionpour l'annexion alors que l'autre ne jure que par l'indépendance.


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