Algérie

Retour au temps de la guerre froide



Retour au temps de la guerre froide
Le bloc occidental contre la Syrie n'arrive pas à passer la barrière russo-chinoise. Samedi dernier et pour la deuxième fois (la première fois ayant eu lieu le 4 octobre dernier), le Conseil de sécurité de l'ONU a rejeté une résolution «condamnant toutes les violences en Syrie et exigeant du gouvernement syrien qu'il mette fin immédiatement à toutes les violences des droits de l'homme (source: département de l'information des Nations unies)». Ces deux rejets n'ont été possibles que grâce au double veto de la Russie et de la Chine. Vitaly Churkin, le représentant russe, justifie la position de son pays par le fait que «certains membres influents du Conseil de sécurité ont, dès le début de la crise, sapé toutes les opportunités de résolution de ce conflit (syrien, Ndlr), en appelant à un changement de régime et en nourrissant le recours à des méthodes armées». Le représentant chinois, Li Baodong, a de son côté, précisé que «la communauté internationale devrait fournir une assistance constructive en vue de régler la crise syrienne mais, en même temps, la souveraineté et l'intégrité territoriales de la Syrie doivent être pleinement respectées». Il dit la même chose que son homologue russe mais en termes différents. Ces deux positions et le rejet de la résolution qui s'en est suivie ont provoqué une grande agitation dans certaines capitales occidentales qui jurent, par tous les Dieux, n'avoir pas dit leur dernier mot. Traduits du langage diplomatique, ces deux puissances voient dans les deux résolutions une volonté d'appliquer à la Syrie le scénario libyen. Nulle part, en effet, dans le texte, il n'est fait mention des groupes armés qui opèrent en Syrie. De ce fait, les troubles et les victimes recensées en Syrie ne seraient imputables qu'au gouvernement syrien. Une sorte de folie meurtrière se serait emparé de l'Etat syrien, sans raison, pour s'en prendre à sa population. D'ailleurs, le représentant syrien, Bashar Jaâfari, pose une question de bon sens à ce propos: «Est-ce qu'une personne sensible peut véritablement croire que le gouvernement (syrien) commettrait des massacres le jour où le Conseil de sécurité se réunit pour examiner la situation dans son pays'» a-t-il tenu à rappeler. Mieux, le bloc occidental ne semble pas vouloir entendre la Syrie quand elle dénonce que «son pays est en proie à des bandes armées financées depuis l'étranger et qui ont tué plus de 2000 militaires et membres des forces de l'ordre». Même pas pour la démentir. Pour les mêmes capitales occidentales, 5000 civils ont été tués par le pouvoir syrien uniquement. Dans la foulée, Susan Rice, la représentante américaine, ne se gène pas pour dire que «c'est tout à fait honteux» que l'un des deux membres (du Conseil de sécurité qui ont exercé leur droit de veto) continuait de fournir des armes au régime d'Al Assad. Allusion claire à la Russie. Ce à quoi, le représentant syrien a répliqué magistralement en se demandant «si ce dégoût aurait été le même face aux 60 veto exercés dans cette même salle du conseil de sécurité pour prévenir l'instauration de la paix dans la région du Moyen-Orient et pour régler la question palestinienne». Vous l'aurez compris, il s'agit des veto américains en faveur d'Israël. Le bras de fer continue à Manhattan tandis que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, sera demain à Damas pour s'entretenir avec le président syrien des derniers développements. Moscou est prête à toute éventualité pour son soutien à la Syrie. Le vice-Premier ministre russe, Dimitri Rogozine, vient de déclarer que son pays met en place «un système de défense aérienne et spatiale qui assurera une protection solide contre toute menace de la part de l'Otan». Il ne manque plus que les ultimatums. Comme au temps de la guerre froide!


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