Algérie

Retour au calme à Ras El-Oued



Après troisjournées vraiment agitées, la ville de Ras El-Oued était triste hier et offraitune vision chaotique. Les stigmates du tumulte de la veille donnaitl'impression que la ville avait été balayée par un cyclone.  Les établissements scolaires des troispaliers ont tenu portes closes. Imités en cela par la quasi-totalité descommerces du centre-ville. A peine si on constatait, au bout d'une rue dérobée,une boulangerie bravant la précarité d'une situation qui pouvait à tout momentrejoindre les dérapages d'un long week-end gagné par l'incertitude et guettantdes horizons immédiats qui s'annonçaient en cette matinée de dimanche sombres.  Aux premières heures, les jeunes de RasEl-Oued sortaient des domiciles, comme pour aller au café du coin, sans donnerl'air de vouloir encore en découdre. Mais les petits groupes qui grossissaientà vu d'oeil ici et là aux principaux carrefours du centre-ville ne présageaientrien de bon. Une impression alourdie par la forte présence des forcesanti-émeutes qui semblaient très éprouvées par les affrontements d'hier.  Le quadrillage des rues et surtout laconcentration de policiers et gendarmes près des principaux édifices publicscomme le siège de la mairie, celui de la daïra, de la CNEP ou encore de laposte soulignaient que les autorités n'entendaient pas voir rééditer lescénario de la veille. Mais à mesure qu'avançait la matinée, les prémices d'untel scénario commençaient à s'installer avec la formation de barricades dansles artères principales. L'entrée nord de la ville autant que l'entrée sudseront indemnes de toute obstruction. Et pour cause, très tôt le matin, lesforces de l'ordre y prirent leurs quartiers avec force persuasion qui avaitlaissé les émeutiers sur une véritable réserve.  Vers dix heures du matin, la venue du wali deBordj Bou Arreridj, Kadid Abderahmane, fera le tour de Ras El-Oued. Une telleinformation fera son effet. Les milliers de jeunes prirent alors leur mal enpatience, mais attendaient de pied ferme le premier responsable de la wilaya.C'est déjà les conciliabules qui se transformèrent vite en discussion animées.  Il s'agissait de soumettre les bonnesrevendications qui devaient accompagner celle de la libération sans conditionsde toutes les personnes arrêtées lors des trois jours d'émeutes. Au sein de lafoule immense sur ce point précis, la cause était entendue et ne souffraitd'aucune volonté de cession du moindre pouce. On évoquait volontiers la hograen faisant référence à l'épisode de jeudi, jour du déroulement du match ayantopposé l'équipe de Ras El-Oued à sa voisine de Bord Ghdir. Là-dessus, larevendication était claire et sans fioritures : Ras El-Oued exigeait unecommission d'enquête avec, à la clé, un match à rejouer. Bien sûr, viendront segreffer les problèmes de chômage, de manque d'infrastructures, de structureséconomiques... Bien avant midi, le wali accompagné du P/APW,du chef de daïra de Ras El-Oued, du chef de Sûreté de wilaya, fera sonapparition. La délégation se dirigea vers la mairie. La salle de conférence dusiège communal sera envahie par près de deux cents personnes. Les portes closesne laissaient rien filtrer des discussions qui furent du reste très longues.Vers deux heures de l'après-midi, le wali sortira de la mairie pour aussitôts'engouffrer dans le véhicule. Un mouvement de panique dans la foule seral'étincelle qui déclencha l'affrontement entre émeutiers et forces de l'ordre.On était sûrs que la rencontre n'avait finalement abouti à rien. Mais comme parenchantement, le calme reprit ses droits. Les jeunes surent après coup que lewali avait montré de réelles dispositions à accéder aux revendications. M.Kadid Abderahamane donnera promesse de tout entreprendre pour libérer tous lesjeunes qui ont été arrêtés.  Il promettra également de mettre sur pied unecommission d'enquête à propos du match de jeudi. C'était suffisant pour ramenerle calme à Ras El-Oued. Vers 16 heures, nous apprendrons qu'une cellule decrise présidée par le wali et comprenant le chef de Sûreté, le chef de daïra,le procureur de la République et d'autres responsables ayant partie liée avecla question pour discuter de l'éventualité de libération des détenus, avait étémise sur pied.  A l'annonce de cette information,l'atmosphère se détendait progressivement. Les groupes commencèrent às'effilocher, ne restait qu'une centaine de personnes aux alentours du tribunalguettant la sortie de leurs parents.  Vers 18 heures, on annonçait parmi la fouleque 33 jeunes allaient être relâchés. Le reste, 16 émeutiers seront jugés celundi.


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