Algérie

Retour à la politique 'du tout-pros' L'importation de talents retarde le retour à la formation



Retour à la politique 'du tout-pros'                                    L'importation de talents retarde le retour à la formation
Surfant opportunément sur la vague d'un renouvellement des cadres de l'équipe nationale, en particulier après le départ en pré-retraite arabique des quatre piliers des six dernières années que sont Karim Ziani, Anthar Yahia, Majid Bougherra et Nadir Belhadj, beaucoup de voix se sont élevées tout récemment pour réclamer une meilleure promotion et davantage de considération pour le produit local.
Même le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua, n'a pas caché son souhait de voir 'un imminent retour à la formation qui garantirait à la sélection nationale une ossature au lieu d'aller puiser dans les centres de formation français'.
Un souhait, du reste, partagé par une grande partie de l'assise populaire des Verts. Mais un souhait, disons-le tout de go, difficilement réalisable à l'heure actuelle. Entre un discours ambitieux mais à fortes doses de démagogie politique et une implacable réalité du terrain, le fossé est immense. En ces temps où le niveau global du championnat national et des clubs de l'élite est très loin de satisfaire aux exigences du circuit international, il paraît utopique de vouloir jouer cette carte locale avec la perspective de la Coupe du monde 2014 au Brésil et l'ambition d'y participer. Cela, le sélectionneur Vahid Halilhodzic l'a compris et bien assimilé puisqu'un simple coup d''il sur la composante humaine de la liste des éléments appelés à défendre l'honneur algérien face à la très limitée sélection centrafricaine de Jules Accorsi dénote de l'importance des professionnels dans cette équation future. Autant dire, alors, sans aucune hypocrisie intellectuelle visant surtout à faire dans le populisme, que la politique du tout-professionnel a encore de beaux jours devant elle et continuera à dicter la marche à suivre aux responsables techniques des Verts.
Les Verts de l'équipe première comme leurs cadets des Verts olympiques puisque Azzedine Aït Djoudi a, lui aussi, décidé de faire appel aux maximum de compétences algériennes à l'étranger pour tenter de casser cette malédiction qui dure depuis plus de trente ans et qualifier la sélection dont il a la charge aux JO de Londres.
L'obligation de résultat et la proximité des échéances semblent, ainsi, constituer le plus grand frein au très souhaité mais difficile à concrétiser retour à la base.
Que ce soit au niveau des A ou des A', leurs staffs techniques respectifs savent, mieux que quiconque, que la vox populi ne leur pardonnera jamais un (autre) échec à ce niveau et que leurs avenirs respectifs sont intimement et directement liés aux résultats techniques. Penser donc à la formation, au travail basique amènerait inéluctablement Halilhodzic et Aït Djoudi à se faire hara-kiri alors qu'il leur est plus facile d'aller cueillir les fruits de ce qui se fait ailleurs.
Surtout lorsque leur sont assignés des objectifs aussi élevés qu'une présence au mondial ou aux Jeux olympiques. L'expérience de l'épopée des Verts dans les éliminatoires jumelées de la coupe du monde et de la coupe d'Afrique 2010 s'étant avéré un indispensable outil de paix sociale aux mains du pouvoir, l'actuel contexte politique assez fragile leur impose, donc, presque d'exploiter à fond la carte des professionnels, question de mettre tous les atouts de leur côté à même de garantir un résultat quasi immédiat et d'éviter d'être à la base de toute envie de révolte.
Azzedine Aït Djoudi qui supervise, courtise et sélectionne des jeunots inconnus du grand public sur le simple fait qu'ils appartiennent à des clubs européens comme Newcastle United (Mehdi Abeid) ou l'Olympique de Marseille (Bilel Omrani) et Vahid Halilhodzic qui court derrière Yacine Brahimi (Stade Rennais), Sofiane Feghouli (FC Valence), Romain Hamouma (SM Caen) et autres Ishak Belfodhil et Yanis Tafer (Olympique Lyonnais) contredisent, d'ailleurs, de la plus élémentaire des manières la politique 'orale' de Mohamed Raouraoua.
Le premier responsable technique des Fennecs qu'est le Franco-Bosniaque Vahid Halilhodzic table même sur l'alléchante vitrine mondiale que constitue le rendez-vous brésilien de 2014 pour appâter les jeunes cracks franco-algériens et les convaincre de porter le maillot vert de la sélection.
À l'instar de ce qui s'est passé avant l'édition sud-africaine de 2010 et les arguments magnétiques si attirants que dégageait logiquement une telle compétition planétaire et qui ont fini par aimanter Mehdi Lacen, Habib Belaïd, Carl Medjani, Wahab M'bolhi ou encore Ryad Boudebouz, la FAF de Raouraoua reconduit les mêmes pratiques, reproduit exactement le même discours et déploie de nouveau le même arsenal charmeur. Qui sait, réussira-t-elle encore une fois le même exploit de replacer l'Algérie du football parmi le gotha mondial. Mais entre-temps, quatre années se seraient écoulées sans pour autant que le bricolage dans sa version 'carte pros et compagnie' n'aura laissé place à une réelle politique de formation qui évitera à l'Algérie autant d'importation(s) de talents'


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)