Algérie

Retour à la place Tahrir



Retour à la place Tahrir
En s'attribuant tous les pouvoirs, les forces armées égyptiennes placent le pays sur une grande voie de l'incertitude. Dans ce qui a été qualifié de «putsch préventif», marqué par la dissolution du Parlement à quelques heures du début des élections présidentielles, les militaires lancent un message clair. Aussi bien aux Egyptiens, quel que soit leur appartenance politique, qu'aux Américains et autres Israéliens, parties concernées par l'évolution institutionnelle du pays et de son centre de pouvoir. Aux Egyptiens, il est rappelé que le pouvoir de décision restera toujours entre les mains de l'armée même si le général Chafiq venait à ne pas être le nouveau président. La meilleure preuve a été ainsi donnée en décrétant «l'anti-constitutionnalité» du pouvoir législatif, à majorité islamiste, et dont les résultats ont été approuvés et validés. Le message destiné aux Egyptiens est angoissant. Il pose plusieurs interrogations sur ce qui a été fait depuis la chute de Moubarak sur fond de désillusion et de sentiment d'une révolution confisquée. Aux forces occidentales, c'est un autre message qui est envoyé par les militaires égyptiens. Celui de l'assurance. Abd-Albari Attouane observait, avant que les Egyptiens ne se dirigent dans les bureaux de vote, qu'Ahmed Chafiq, au cours de sa campagne électorale, s'adressait plutôt aux Américains et autres puissances occidentales. Pour leur dire quoi ' Pour leur signifier qu'il ne dérogera pas à la conduite de l'ancien raïs. Et surtout que le Caire n'a pas l'intention de changer ses positions dans les enjeux géopolitiques régionaux. Pour assurer un tel rôle de «stabilisateur» régional, les forces armées sont manifestement prêtes à toutes les man'uvres. C'est déjà fait avec la dissolution du Parlement. Une autre étape est aussi en cours de concrétisation, puisque dans sa mainmise sur tous les pouvoirs, l'armée égyptienne se réserve aussi le droit d'intervenir dans la rédaction de la future Constitution. Les forces armées semblent, ainsi, bien préparer le terrain pour éliminer tout facteur de nature à faire aboutir les objectifs de la révolution. Même le scénario d'un président -dans le cas d'une victoire de Mohamed Morsi - sans réel pouvoir de décision. Le changement, qui abordait pourtant sa phase de la construction institutionnelle, serait ainsi contrarié par les capacités de régénérescence d'un système de pouvoir qui sert et se sert d'un ordre régional. C'est que ce système rassure les forces occidentales, qui, de leur côté, le préservent pour services rendus. L'intérêt des deux parties est souvent mis au dessus de toute considération. Il ne restera, dès lors, aux populations égyptiennes, qui aspirent à la démocratie et à la dignité, que de retrouver la case départ, sise à la place Tahrir.
A.Y.




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