La juriste algérienne, Me Fatima Benbraham, a exprimé sa "stupéfaction" d'apprendre que les retombées radioactives des essais nucléaires français dans le Sahara algérien sont "pire que ce que l'on croyait", affirmant que la France "doit rendre des comptes" sur cette question. "Nous savons depuis longtemps que les conséquences des essais nucléaires dans le Sahara sont beaucoup plus graves que ce qu'en disait la France, mais là, on découvre que c'est toute l'Algérie qui a été touchée et même tous les pays de l'ancienne Afrique de l'Ouest coloniale", a-t-elle dit dans un entretien accordée au journal Le Parisien.Ce quotidien français a publié en exclusivité la carte classée jusque-là "Secret-défense" par l'armée française, sur les retombées radioactives des essais nucléaires en Algérie.Aujourd'hui, a dit Me Benbraham, "la France doit rendre des comptes", soulignant que "le mythe de la +bombe propre+ est fini" et que "c'est un crime continu que nous subissons depuis cinquante ans".Elle a indiqué, également, que "contrairement à ce que disait la France, les zones de tirs des bombes étaient loin d'être inhabitées", ajoutant qu'aujourd'hui, elle défend des gens exposés à l'époque, mais aussi leurs enfants, les nomades qui ont traversé ces zones depuis des décennies, et les jeunes qui ont fait leur service militaire dans ces lieux, décomptant, ainsi, "des dizaines de milliers de victimes potentielles".Dans le Grand Sud, a-t-elle ajouté, le diabète, la leucémie, la stérilité, les affections de la thyroïde, qui sont des maladies caractéristiques des radiations, "ont explosé ces dernières années".Me Benbraham a relevé, par ailleurs, que lorsque l'armée française a quitté les sites de tirs, en 1967, elle a emporté toutes les archives avec elle, "ce qui rend compliqué de savoir quelles sont les zones touchées par ces essais".Elle a rappelé, à ce propos, qu'en partant, les militaires français ont enfoui des tonnes de matériels radioactifs, sans laisser la cartographie et que depuis, "les habitants se sont servi, ont récupéré du métal, du cuivre, au péril de leur vie"."La loi d'indemnisation des vétérans français exclut les populations algériennes. C'est un scandale", s'est-elle offusquée, soutenant que cette loi "doit être ouverte à toutes les victimes"."L'armée française doit nous donner les archives et cesser de se protéger derrière le Secret-défense", a encore déclaré Me Benbraham, ajoutant, en outre, que la France "doit nous aider à décontaminer les montagnes de déchets et soutenir des programmes de soin".Elle a souligné, à ce sujet, que les Algériens victimes de cancers dans le Grand Sud, doivent se rendre à Alger pour se soigner.Me Fatima Benbraham, avocate à la Cour d'Alger, agréée à la Cour suprême et au Conseil d'Etat, est l'auteur de nombreuses contributions dans différents séminaires et forums internationaux sur les aspects juridiques relatifs aux conséquences des explosions nucléaires françaises au Sahara algérien.Lors d'un colloque international, ayant pour thème "L'impact humanitaire des armes nucléaires", organisé récemment dans la capitale française, la juriste algérienne avait déclaré que les expériences et explosions nucléaires au Sahara algérien "demeurent un parfait crime contre l'humanité et de ce fait restera imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaitre d'abord puis à réparer les dommages constatés".Elle a également relevé le caractère "sélectif et limitatif" de la loi Morin relative à la reconnaissance et l'indemnisation des victimes des essais nucléaires, dans la mesure où il est fait abstraction des victimes algériennes et des dégâts environnementaux causés au Sahara algérien.
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Posté Le : 15/02/2014
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Le Temps d'Algérie
Source : www.letempsdz.com