Algérie

«Retard dans l’octroi, par le ministère de la Santé, des autorisations d’importation»



Les producteurs craignent une pénurie de médicaments C’est un véritable réquisitoire qu’a dressé hier l’Union nationale des opérateurs de la pharmacie contre la politique du médicament menée par le ministère de la Santé. L’Union, qui évoque la fermeture de 6 unités de production, fait état du risque d’assister à une disparition de cette jeune production si l’Etat continue à soutenir l’importation au lieu de soutenir la production locale. Pour commencer, l’UNOP met en garde contre une éventuelle pénurie de médicaments qui pourrait survenir en septembre prochain. Lors d’une conférence-débat, organisée hier à El-Moudjahid, le problème de la pénurie que reconnaît actuellement le marché du médicament a été confirmé. «Il y a actuellement une rupture de stocks, certains produits ne sont pas disponibles, il faut le reconnaître» a affirmé Nabil Mellah, le secrétaire général de l’Union. «Cette rupture est due au retard dans l’octroi, par le ministère de la Santé, des autorisations d’importation des médicaments qui ne se sont faites qu’en février 2008 au lieu de décembre 2007, ajouter à cela l’obligation d’importer 45% de médicaments génériques. Nous pensons que cela va se répercuter sur le stock de médicaments pour 2008 si les autorisations ne sont pas signées à temps», a estimé le conférencier. Ce constat infirme en tout cas les précédentes déclarations du ministre de la Santé qui a estimé qu’il n’y a pas de pénurie. Lors de cette même conférence de presse, les membres de l’Union ont démontré, point par point, que la politique du médicament, telle que pratiquée actuellement, n’encourage pas la production nationale estimée à 400 millions de dollars. Ce qui a conduit à la fermeture de 6 unités privées de production de médicaments et l’Union avertit que si le ministère n’engage pas une véritable politique d’encouragement au produit générique national, «on risque de fermer toutes les unités privées au nombre de 51 et de voir la facture d’importation du médicament passer de 9 millions de dollars à plus de 1,4 milliard dans quelques années». L’Union dénonce en tout cas l’absence de débat avec la tutelle pour la mise en place des politiques du médicament en Algérie, en s’étonnant de l’arrêt des consultations entamées avec le ministère de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement sur la mise en place de la stratégie nationale du médicament. Dans un véritable réquisitoire dressé contre cette politique menée depuis 4 ans par le ministère de Amar Tou, l’Union dénonce «le soutien assuré, aux produits étrangers, aux importateurs et autres multinationales qui trouvent des facilitations dans l’enregistrement d’un médicament alors que le producteur national trouve des difficultés à le faire». L’union estime également que le secteur pharmaceutique est soumis aux règles de l’OMC depuis 2005, avec celles de la concurrence qui ne sont pas les mêmes que pour les autres secteurs. Et de s’étonner que «les pays étrangers fassent tout pour protéger leur production générique à l’exemple de la Tunisie ou du Maroc alors que chez nous, toutes les facilitations sont offertes aux produits étrangers». Dans cette concurrence «déloyale», c’est la production algérienne qui est menacée de disparition. «Actuellement, nous produisons uniquement 300 parmi 1.000 médicaments enregistrés. La production nationale couvre 30% de nos besoins et 25% des produits enregistrés», indique l’Union qui exige le soutien du produit national, la définition d’un cadre réglementaire sûr, transparent et stable, l’encouragement de la prescription générique nationale, l’accélération des procédures d’enregistrement pour les produits locaux, l’enregistrement préférentiel pour les produits algériens, la mise en place d’un prix de remboursement référentiel, une forte taxation des produits importés et la réservation du marché public uniquement pour les nationaux. L’Union demande également la réactivation de l’agence nationale du médicament dont les prérogatives ont été réduites au profit du ministère de la Santé. Tahar A.O.


Votre commentaire s'affichera sur cette page après validation par l'administrateur.
Ceci n'est en aucun cas un formulaire à l'adresse du sujet évoqué,
mais juste un espace d'opinion et d'échange d'idées dans le respect.
Nom & prénom
email : *
Ville *
Pays : *
Profession :
Message : *
(Les champs * sont obligatores)