Collées à la peau de l'Union démocratique du Manifeste algérien (UDMA) des décades durant, d'innombrables contrevérités sont désormais démontées et battues en brèche, par l'historienne Malika Rahal.A travers son dernier ouvrage L'UDMA et les Udmistes, fruit de plus de dix années d'intenses investigations, l'universitaire fait tomber, les unes après les autres, les fausses étiquettes dont l'UDMA et les Udmistes ont été affabulés. «C'est n'est pas vrai, l'UDMA n'était pas une organisation de salon et de la bourgeoisie. Elle n'était pas non plus francophone, laïque et antireligion. Avec un journal comme la République Algérienne, le parti ne pouvait être que patriote et nationaliste.
Fondé en 1946 par Ferhat Mekki Abbas, juste après sa sortie de prison, l'UDMA n'était pas assimilationniste. Préconisant une République algérienne populaire et sociale, son programme l'atteste», lance, l'historienne à l'adresse des présents à la Maison de la culture de Sétif, où la popularité du premier président du Gouvernement provisoire de la République algérienne est restée intacte.
Mieux encore, les Sétifiens, jeunes et moins jeunes, continuent à vénérer leur pharmacien. «Dire que l'UDMA s'est opposée à la lutte armée et à l'indépendance est une autre grotesque contre-vérité», enchaîne l'intervenante, tenant en haleine un auditoire attentif et intéressé. L'héritage des Amis du Manifeste et des Libertés (AML), la structuration du parti, son ancrage, ses relations avec les autres formations nationalistes, son ralliement à la Révolution, ce sont là les principaux points abordés par l'écrivaine, qui a volontairement emprunté ces chemins escarpés.
«En parcourant son programme ne prêtant à aucune équivoque, j'étais étonnée par une telle clarté. Afin de mobiliser les masses, le parti essaye de récupérer l'héritage des AML. La mission ne sera pas aisée. Puisque les meetings tenus à l'est, à l'ouest et au centre du pays sont suivis et épiés par la police coloniale. Pour pouvoir transmettre ses mots d'ordre, les discours étaient prononcés en arabe et en kabyle.
Le message fait son effet. Le petit peuple adhère pleinement, il va même s'approprier des slogans à la gloire de son leader charismatique ?Vive Abbas Ouahna Labas'», souligne avec précision Malika Rahal. «Après le congrès des cadres tenu en 1947 à Blida, l'UDMA met en place des structures. Il est vrai que le programme est le même pour tout le monde, mais les militants des différentes régions n'avaient pas les mêmes approches et conceptions de la politique.
Je dois par ailleurs préciser que l'UDMA était un véritable parti démocratique. Pour preuve, de nombreux militants, notamment des jeunes, avaient toute la latitude pour contredire la direction du parti. Important acteur du mouvement national de 1946 à 1956, l'UDMA va par la suite jouer un rôle prépondérant dans le pluralisme politique sous le joug colonial. La concurrence, pour ne pas dire la rivalité, avec les Oulémas et le MTLD ne l'a pas ébranlé.
Avec son ancrage et une extraordinaire force de mobilisation, l'UDMA a fait de nombreuses formations sportives et culturelles, des sections de militantisme et de défense de la cause nationale. Pour l'illustration, l'Union sportive franco-musulmane sétifienne (USFMS actuellement USMS), présidée à une époque par Ferhat Mekki Abbas, en était une. Au déclenchement de la Guerre de Libération nationale, l'UDMA et les Udmistes intègrent les rangs du FLN», révèle l'oratrice qui a marqué, samedi, son brillant passage à Sétif.
Notons à toutes fins utiles que cette rencontre a été marquée par la présence du dernier rescapé des Udmistes, El Hadj Boussaâd, un «jeune homme» de 103 années. En dépit du poids de l'âge, le brave militant, pour lequel la fidélité est une vertu, s'est déplacé de Djelfa à Sétif rien que pour renouer avec son parti et ses compagnons rétablis dans leurs droits?
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Posté Le : 24/10/2017
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Kamel Beniaiche
Source : www.elwatan.com