Algérie

Résurrection de la culture ou feu de paille ' L'activité artistique s'intensifie à Annaba



Mohamed Rahmani

En ce mois sacré de Ramadhan, nos villes connaissent une animation particulière presqu'exclusivement la nuit. Ça vit la nuit et ça se prolonge jusqu'au petit matin. Des nuits qui s'avèrent courtes parce que pleines à ras bord d'expressions culturelles qu'un public insatiable et sevré depuis longtemps ne veut pas rater et en redemande. C'est le boom culturel à Annaba avec ces soirées organisées un peu partout où musiques et chansons, sketches et danses, théâtre en plein air, salles de cinéma qui reprennent des couleurs et artistes ravis de redécouvrir ce public spontané qui se laisse emporter et vibre sous les notes d'une musique qu'il adore, ressuscitent les arts mis en veilleuse et pour certains «archivés»
Ce fut l'apothéose jeudi passé lors de l'ouverture du Festival national de la chanson et de la musique citadine avec le talentueux Abdelkader Chaou et son concert de musique chaâbi au théâtre régional Azzedine-Medjoubi. Un concert qui, de mémoire d'annabi, n'a jamais drainé autant les foules qui s'étaient extasiées de ces sonorités toutes algériennes et qui ont accompagné à l'unisson Youm El Djemâa Khardjou eriem, une chanson que tous, grands et petits, connaissent. Et là le fonds culturel commun, ce patrimoine enfoui, resurgit, ressuscite et reprend ses droits guidant le public vers ses origines et sa culture propre. Hamidou qui vient à la rescousse pour se solidariser avec cette entreprise de réappropriation de cette identité culturelle malmenée, emplit de sa chaude voix une atmosphère toute vouée à la chanson, son hawzi a ravi l'assistance dont certains sont allés jusqu'à esquisser des pas de danse bercés par cette musique qui les a enivrés et qu'ils buvaient jusqu'à la lie. Sur les plages, sur le Cours de la Révolution, c'ur battant d'Annaba, c'est la fête, une fête qui ne finit pas avec ces jeunes chanteurs et musiciens, avec ces comiques et ces sketches dont on rit à gorge déployée et qui font le bonheur de tous. Il faut dire que l'Algérien n'a pas beaucoup d'occasions de rire et que là il retrouve la gaieté et la joie de vivre qu'il avait perdues de vue.
Les salles de cinéma, ces salles obscures, longtemps boudées par le public, revivent et des centaines de jeunes se bousculent pour voir un film en compagnie de leurs amis, pour se retrouver, discuter, faire des critiques du scénario, du jeu des acteurs, des habitudes perdues et qui commencent à revenir. Bref, la culture est de retour en ce mois, un mois dont le programme, riche et varié prenant en compte tous les goûts où jeunes et moins jeunes goûtent aux plaisirs de la culture et découvrent ses effets cathartiques pour se sentir vivre, pour ce feeling un peu spécial, pour se réconcilier avec son identité et se retrouver entre Algériens.
Cette résurrection de la culture, ce retour, cette communion et cette réconciliation pourront être un nouveau point de départ pour le développement et la création. Espérons qu'il ne s'agit pas là d'un feu de paille ou juste une faible lueur dans un océan d'obscurité qui a tout enveloppé.
M. R.


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