Algérie

Restrictions européennes dans la distribution du gaz



Chakib Khelil: «Sonatrach n’est pas concernée» A Alger, certains n’hésitent pas à voir à travers cette «sortie» européenne une affaire strictement politique. L’introduction par la commission européenne, dans son plan de l’énergie, la clause interdisant aux entreprises non européennes d’investir dans la distribution d’énergie dans les pays d’Europe ou de séparer la distribution des autres domaines, n’aura aucune conséquence sur les projets de la Sonatrach. C’est ce que pense, en tout cas, le ministre algérien de l’Energie et des Mines. Contrairement aux analystes, Chakib Khelil évite d’aller vite en besogne. «La proposition de la Commission européenne ne concerne pas la Sonatrach. La commission veut surtout introduire une clause de réciprocité. L’Algérie n’a pas de problème dans ce sens d’autant plus que cette réciprocité existe déjà. Les entreprises européennes investissent largement en Algérie. Maintenant, s’ils veulent maintenir le monopole, c’est le consommateur européen qui va payer les conséquences». Et d’assurer que «la Sonatrach va poursuivre ses investissements déjà lancés, au Portugal et en Espagne en attendant l’adoption de la proposition par le parlement européen». Pour Chakib Khelil, la loi vise à introduire plus de concurrence entre les compagnies européennes et étrangères. De son avis, c’est surtout les compagnies françaises et allemandes qui travaillent dans ce sens. En tout cas, pour le moment, le ministre veut calmer le jeu, préférant «évaluer les conséquences après l’adoption de la clause». Il faut savoir que ce plan européen de l’énergie avec sa clause intervient au moment où la Sonatrach, le troisième fournisseur européen en gaz, tente de s’introduire dans le marché de la distribution du vieux continent. Dire que l’Europe ne vise pas ce programme serait un point de vue limité qui ne tardera pas à être contredit. En effet, plusieurs projets sont en cours de négociations, pour introduire la Sonatrach dans les marchés italien, belge et français. Des restrictions qui risquent fort bien, contrairement aux déclarations du ministre, de bloquer Sonatrach dans son développement. La commission européenne vient également à la rescousse des entreprises espagnoles en butte à des difficultés avec la Sonatrach. Cette proposition intervient au moment où l’entreprise algérienne s’est engagée dans une bataille juridique avec l’Espagne après avoir résilié le contrat conclu, en 2004, avec les sociétés espagnoles Repsol et Gas Natural pour le projet intégré de développement du gisement de Gassi-Touil. Sonatrach avait engagé une procédure d’arbitrage à l’encontre de Repsol et Gas Natural dans laquelle elle demande «la réparation du dommage substantiel qu’elle a subi en raison de l’inexécution par Repsol et Gas Natural de leurs obligations contractuelles». Aussi, il y a eu auparavant une procédure devant le tribunal international des affaires à Genève pour départager la Sonatrach et la commission espagnole de l’énergie concernant la restriction qui lui a été imposée de distribuer seulement 1 milliard de m3 de gaz sur les 3 milliards prévus auparavant. Pour les Européens, il s’agit d’introduire une loi contre le monopole. Ces restrictions ne s’appliquent qu’aux réseaux de distribution, les autres sous-secteurs du domaine ne sont pas concernés par ce projet de directive et restent assujettis aux accords et lois commerciaux en vigueur, selon la directive. L’Europe, à travers sa directive, veut protéger son économie et ses entreprises de la concurrence étrangère au moment où elle impose, par le biais des accords d’association, l’ouverture totale des marchés de leurs partenaires à la concurrence. Un paradoxe!


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