RESTER DEBOUT

Bien qu'il soit trop tôt pour chanter victoire, il est à penser que le nouvel adoucissement du confinement de la population soit le signe d'une maîtrise de la propagation du coronavirus. Bon nombre d'Occidentaux d'ailleurs aux prises avec une situation catastrophique dans leurs pays reconnaissent non sans étonnement que les Algériens sont en passe de gagner la partie. A première vue, les autorités ont su contenir l'avancée de l'épidémie et d'une manière générale la population a fait preuve de discipline et de sagesse.Il est évident que l'on en est encore à un premier constat provisoire et qu'au lieu de se frotter les mains, il est recommandé de toucher du bois devant des statistiques plutôt rassurantes mais nul ne sait de quoi sera fait demain. Pour conforter l'optimisme de bon aloi, on peut prêter une oreille attentive à ceux qui prétendent avec sérieux que les Algériens comme les Maghrébins recèlent en eux, à la faveur d'une culture alimentaire qui leur est propre, une carapace physiologique contre les virus. Cela reste à voir et à vérifier et se limiter à suivre avec une extrême prudence un début de mouvement général de liberté.
Un peu partout, en effet, la tendance est globalement au démarrage des déconfinements. En tentant de prodiguer un peu d'air et une aisance de mouvements pour leurs ressortissants, chaque Etat s'initie avec prudence et la peur au ventre au redémarrage d'une vie normale. L'Algérien pourra dorénavant aller se faire couper les cheveux et le taxieur vaquera à ses tournées sans qu'il ait besoin de tricher pour gagner son pain. Sans s'appesantir sur une plus large entorse économique par la distanciation décidée par le gouvernement entre le secteur privé et public, l'élargissement décidé samedi soir par les autorités vient corriger une injustice monumentale. Car il est à reconnaître que la pandémie n'a pas été équitable dans la distribution de ses défaveurs. Toutes les activités commerciales n'ont pas été dans la loge privilégiée de l'agroalimentaire et contrairement à l'ensemble du négoce ordinaire, la cadence de l'activité des superettes n'a jamais été aussi effrénée que pendant cette période de confinement.
Justice a été rendue à des milliers d'artisans et de commerçants obligés dès à présent de tenter de rabibocher les débris d'une activité mortifère pour rester debout.