Algérie

Restauration de la steppe algérienne: Une bataille contre la dégradation de 32 millions d'hectares


Restauration de la steppe algérienne: Une bataille contre la dégradation de 32 millions d'hectares
La steppe algérienne s’étend sur 23 wilayas et une superficie totale de 32 millions d’hectares, soit près de 14% de la superficie totale du pays. Depuis la mise en œuvre de la politique de renouveau rural et agricole en 2008, un programme de développement comprenant plusieurs actions a été déployé pour les régions steppiques qui s’étendent de l’atlas tellien au Nord jusqu’à l’atlas saharien au Sud.

Du point de vue socioéconomique, plus de 7 millions d’habitants sont concernés par la mise en valeur des potentialités de la steppe. Pour la période 2009-2014, les objectifs tracés comprennent, entre autres, la plantation de plus de 200 000 ha, la mise en défense de plus de 11,3 millions d’hectares et l’ouverture de plus de 10 000 km de routes et pistes pour le désenclavement de localités steppiques. Les financements mobilisés pour les actions prévues s’élèvent à 56 milliards de dinars. Tels sont les principaux indicateurs qui ressortent du programme de développement de la steppe. L’élevage ovin et caprin reste la principale activité économique en plein essor dans les territoires steppiques. Plus de 18 millions de têtes ovines et 3 millions caprines y sont recensés.

Toutefois, bien qu’elle joue un rôle non moins important dans l’équilibre régional et le développement local, la steppe reste confrontée à des vulnérabilités multiples. Il s’agit en premier lieu de la préservation du couvert végétal et la gestion rationnelle des ressources hydriques disponibles. D’où la nécessité de rigueur dans les actions qui y sont menées.

Telle que présentée par le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaïssa, lors d’un atelier organisé à Alger la semaine dernière au profit de journalistes africains traitant des questions de la désertification et la sécheresse, la nouvelle démarche entreprise par l’Algérie en matière de lutte contre la dégradation des terres vise un double objectif : préserver les ressources naturelles existantes et, en parallèle, défendre les intérêts socioéconomiques des acteurs locaux. D’où le recours à l’option de développement intégré à la faveur de la politique de renouveau agricole et rural. Il rappellera à cet égard les réticences rencontrées auprès des populations locales auparavant lorsque des programmes ont été conçus et mis en œuvre dans ces régions sans que les populations locales n’y soient impliquées, comme cela a été le cas lors de la réalisation du barrage vert. «Les populations procèdent alors à l’arrachage des arbres», a-t-il dit.

En conséquence, la nouvelle approche de gestion des espaces steppiques semble intégrer la spécificité locale. Il en est ainsi pour les parcours qui sont fermés au pâturage pendant trois années et leur réouverture aux cheptels n’intervient qu’après la régénération de la végétation. Ils sont alors mis à la disposition des éleveurs moyennant une allocation de pacage de 1000 DA/hectares. Les recettes engrangées sont versées au profit des collectivités locales (les communes). Avant la mise en œuvre de cette nouvelle phase de restauration, il faut dire que la steppe est entrée dans un cycle de dégradation, comme le constate un document du HCDS (Haut-Commissariat pour le développement de la steppe) relevant «une importante régression du couvert végétal et un niveau de dégradation alarmant». Une diminution sensible de la production fourragère est également constatée passant de «106 unités fourragères/hectare en 1968 à 72,53 UF/ha en 2001», précise le même document.

Dressant l’état des lieux des parcours steppiques, le HCDS en dénombre cinq catégories. Les parcours classés bons représentent près de 1,4 million d’hectares, soit pus de 5% de la superficie totale de la steppe, près de 3,9 millions d’hectares représentent les parcours classés moyens (10,9%), les parcours dégradés, eux, représentent 2,08 millions d’hectares (7,84%), mais le plus vaste territoire steppique est classé comme très dégradé. Les parcours très dégradés s’étendent en effet sur plus de 15,3 millions d’hectares, ce qui représente 57,75% de la superficie totale de la steppe. Ce sont ces derniers qui nécessitent alors des opérations de restauration, comprenant en priorité la réhabilitation du couvert végétal, la fixation des dunes, la mobilisation des ressources hydriques (le stockage des eaux de surface et la mise en place d’une politique d’exploitation rationnelle des ressources souterraines).

Outre les zones de parcours et l’élevage, des potentialités appréciables viennent d’être identifiées dans ces régions en matière de développement de plusieurs cultures, notamment céréalières et arboricoles. Le premier défi qui s’impose en la matière reste toutefois celui de la maîtrise des systèmes d’irrigation afin d’assurer la pérennité de ces périmètres et d’éviter la dégradation des sols par la salinisation.

Avec une meilleure maîtrise et une politique de développement tenant compte de tous les aspects, la steppe algérienne sera un facteur-clé dans l’aménagement du territoire dès lors elle contribuera à l’atténuation de l’exode rural et même à la diminution de la pression démographique sur les grands centres urbains.


Photo ci-dessus: Céréaliculture irriguée dans la région de Djelfa.

Mohamed Naili
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