Les besoins annuels de l'Algérie en eau à l'horizon 2030 devront s'élever à 12,9 milliards de m3 contre 10,4 milliards de m3 actuellement, a indiqué mardi à Alger le ministre des Ressources en eau, Hocine Necib. Intervenant lors d'une journée parlementaire sur "l'avenir des ressources en eau en Algérie" au siège de l'Assemblée populaire nationale (APN), le ministre a fait savoir que "ces prévisions reposaient principalement sur la hausse attendue de la croissance démographique et de l'expansion urbaine", précisant que "le taux d'urbanisation devrait, en 2030, être supérieur à 87% pour une population avoisinant les 50 millions de personnes".Selon les chiffres avancés par le ministre, le volume des besoins annuels prévus à l'horizon 2030 se compose de 4 milliards de m3 pour la consommation des ménages (contre 3,3 milliards de m3 actuellement), de 8,3 milliards de m3 pour l'agriculture (contre 6,8 milliards de m3 actuellement) et de 0,6 milliard de m3 pour l'industrie (contre 0,3 milliard de m3 actuellement).
Pour couvrir cette demande, il a été procédé à la mise en place d'un Plan national de l'eau à l'horizon 2030, basé sur la poursuite de la mobilisation des ressources en eau conventionnelles et non conventionnelles en focalisant sur les régions enregistrant un déficit à travers l'exploitation de toutes les disponibilités offertes en vue d'intensifier et élargir le réseau de raccordement et de transfert entre grands complexes hydriques du pays.
M. Necib a expliqué, dans ce sens, que 45% des besoins annuels prévus à l'horizon 2030 seront assurés par les barrages et 35% par les infrastructures de mobilisation et de production, qui ne sont pas affectées par les changements climatiques, notamment les stations de dessalement d'eau de mer et des eaux souterraines du Sud, alors que le reste, soit 20%, par les eaux souterraines du nord du pays et des Hauts-Plateaux, dont le niveau de renouvellement est tributaire des conditions météorologiques.
Evoquant plus en détails le Plan national de l'eau à l'horizon 2030, M. Necib a révélé que le nombre de barrages escompté est de 120 infrastructures afin d'augmenter les capacités de mobilisation des eaux de surface à hauteur de 10 milliards de m3 avec "des systèmes de raccordement et de transfert hautement efficaces et des conduites secondaires de distribution permettant de couvrir l'ensemble des centres de consommation du pays suivant le principe d'égalité et de solidarité".
A ce propos, le ministre a fait état de la finalisation des études de réalisation de 23 nouveaux barrages, de 3 grands transferts et d'un projet de raccordement de barrages, outre des études en cours pour la construction de 36 barrages et trois études de transfert d'eau du Sud vers les Hauts-Plateaux.
S'agissant des stations de dessalement, leur nombre s'élèvera, avec la réception des quatre prévues à Alger, Bejaia, Skikda et El Taref, à 15 grandes stations (contre 11 actuellement) assurant une production globale de 2,8 millions de m3/jour. Le taux des eaux dessalées représentera les 25% de la production nationale à l'horizon 2030. En matière d'irrigation, M. Necib a indiqué que le plan avait pour objectif une meilleure maîtrise des variations annuelles et saisonnières en garantissant un approvisionnement permanent des grands périmètres irrigués et ceux classés dans le cadre de la petite et moyenne irrigation, soulignant la réalisation d'infrastructures d'irrigation permettant d'atteindre une superficie irriguée globale de 2 millions d'hectares d'ici 2021, une économie d'environ 1,5 milliard de m3 annuellement.
Concernant le volet de l'assainissement, le ministre a fait état de la poursuite du travail pour la collecte de toutes les eaux usées au niveau de l'ensemble des agglomérations urbaines et rurales du pays, estimées actuellement à 1,7 milliard de m3 et leur traitement grâce à des systèmes d'épuration permettant leur réutilisation, avant d'ajouter que le nombre des stations d'épuration atteindra 252 stations en 2021.
55 milliards de dollars affectés aux secteur depuis 2000
Le renforcement des infrastructures prévu au titre du Plan national de l'eau s'accompagnera, d'après le ministre, par l'intensification des efforts visant à réduire les fuites d'eau à 18% en 2030 contre 35% actuellement.
Insistant sur le recours aux capacités et compétences nationales pour la mise en oeuvre de ce Plan tant en matière de bureaux d'études que d'équipements, M. Necib a fait état du lancement, dans les deux mois prochains, de la première drague algérienne de désenvasement des barrages.
Il a ajouté que son département s'attelait actuellement à l'actualisation du Plan national de l'eau pour son élargissement à l'horizon 2050. Evoquant la place des Ressources en eaux dans la politique générale de l'Etat, le ministre a indiqué que le montant global des programmes tracés dans ce secteur, depuis l'année 2000, dépasse les 55 milliards de dollars. Ces programmes ont permis l'approvisionnement en eau potable de 98% de la population algérienne, dont 80% bénéficiant d'une alimentation régulière, avec un apport quotidien de 180 L/j par citoyen. Pour sa part, le président de l'APN, Mouad Bouchareb, a affirmé que "l'avenir des ressources en eau en Algérie implique, pour tout un chacun, la préservation, la protection et la valorisation de nos ressources en eau, grâce aux réalisations de ce secteur et ses projets futurs avec la poursuite de la politique de développement et de soutien".
Dans son allocution d'ouverture, M. Bouchareb a mis en avant l'impératif de "préserver cette ressource précieuse, en évitant le gaspillage et la surconsommation face à la subvention de l'Etat au prix de l'eau, qui n'a jamais cessé et qui englobe les infrastructures réalisées ces deux dernières décennies et ce, en vue de gagner le pari de garantir un approvisionnement en eau à tous les citoyens". A cet effet, les experts participant à cette journée ont estimé que les ressources en eau disponibles actuellement "seront suffisantes pour prémunir le pays contre une crise jusqu'en 2030".
Cependant, a averti le Dr. Abdelhadi Amari, les résultats dans ce domaine ne "sont jamais garantis" en raison des changements climatiques et de la croissance démographique, outre les besoins croissants des secteurs de l'industrie et de l'agriculture.
L'expert a prôné, dans ce sens, l'optimisation des réseaux de distribution d'eau, le perfectionnement des qualifications des cadres techniques et administratifs en charge de leur gestion, l'élaboration d'une politique de gestion rationnelle de l'eau avec la généralisation des techniques agricoles économes en eau et l'utilisation de technologies modernes de mobilisation des ressources. Pour l'expert Mohamed Medi, l'Algérie qui a pu venir à bout de la pression sur les ressources en eau durant les dernières décennies, sera confrontée à d'autres défis liés aux changements climatiques et aux besoins croissants induits par le développement socioéconomique.
Il a insisté, à ce propos, sur l'importance d'associer les chercheurs et les laboratoires de recherches, en vue de trouver des solutions réalistes.
Concernant la problématique des fuites d'eau, il a estimé que "le citoyen doit s'en préoccuper et avoir des réactions préventives".
De son côté, l'expert Djilali Kahl Erras a déclaré que "la situation hydrique délicate implique un traitement radical suivant des stratégies, des politiques et des plans à moyen et long termes, dont la responsabilité de mise en ?uvre incombe à l'Etat, à la société civile et aux instances locales".
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Posté Le : 17/01/2019
Posté par : presse-algerie
Ecrit par : Malika K
Source : www.lemaghrebdz.com