La plaine de la Mitidja risque de se dégrader, en raison des
infiltrations des eaux de mer dans sa nappe et des fortes pressions de pompage
sur ses eaux souterraines.
Le ministre des Ressources en eau a en effet attiré l'attention de ses
responsables sur le risque de dégradation et aussi d'assèchement de la nappe
souterraine de la plaine de la Mitidja. Il l'a fait lors de la réunion
d'évaluation du secteur qui l'a regroupé dimanche dernier avec l'ensemble de
ses cadres centraux et régionaux.
Pompée en même temps pour les besoins de l'AEP, de l'agriculture et de
l'industrie, la nappe a des difficultés à se recharger, selon lui. Pire encore,
Sellal fait savoir qu'«il y a de l'eau salée qui est en train de pénétrer dans
les sols et de se mélanger aux eaux souterraines». Pour minimiser les dégâts de
ces infiltrations, des équipes de l'Agence nationale des ressources hydriques
(ANRH) ont, dit-il, «commencé à s'occuper du problème».
Abdelmalek Sellal a aussi ordonné à ses cadres de dépolluer les plages de
l'ensemble du territoire national et ce en prévision de la saison estivale.
C'est le délégué du groupement régional algérois du secteur qui a poussé le
ministre des Ressources en eau à réagir énergiquement contre ce qu'il qualifie
de situation d'attentisme et d'absence de rigueur. Chargé de faire une présentation
des «acquis» en eau dans cette région qui regroupe 14 wilayas et 448 communes,
«le tiers du nombre global des communes du pays», le responsable en question a
précisé qu'Alger a elle seule possède 63 plages autorisées à la baignade mais 8
sont fermées pour cause de pollution. Et sur les 53 plages situées dans la
wilaya de Tipaza, seules 43 sont autorisées à la baignade. Il fera le tour de
la région pour noter l'existence d'un nombre important de plages interdites à
la baignade pour cause de pollution. «Il faut être un peu plus rigoureux dans
cette affaire, on ne peut plus se permettre de les fermer pour cause de
pollution !», s'est exclamé le ministre quelque peu énervé. «Si on ferme, cela
veut dire qu'on a échoué !», dit-il. Il ordonne aux responsables de «ne pas
interdire la baignade et de régler le problème en amont». Ce que le ministère
de l'Environnement n'a pas fait, celui des Ressources en eau tente de résoudre.
Il faut reconnaître cependant que si Sellal s'est permis cette «digression»,
c'est parce qu'il conçoit en premier que si les plages sont polluées, c'est
parce qu'elles l'ont été par le déversement d'eaux usées. Et dans ce cas, c'est
à son ministère de «nettoyer » ou d'apurer les espaces. Il recommande alors à
ses cadres de se «doter impérativement d'un programme rigoureux, fixe et précis
pour y procéder». D'ailleurs, il rappelle à l'esprit que «fermée ou pas,
polluée ou pas, les gens nagent quand même dans ces plages». Sellal a des
exemples tout prêts, la plage Kaâ Essour à Bab El-Oued «qui est en principe
fermée mais dans laquelle tout le monde plonge». Il cite aussi le Club des
Pins, la résidence d'Etat où habitent tous les membres de la «nomenklatura» ou
presque.
Un nouveau décret pour des espaces touristiques et sportifs
«Au Club des Pins, habite zaâma la high (ndlr soi-disant la haute
société), alors que c'est un égout à ciel ouvert», fait-il remarquer.
«Moralement, c'est inacceptable !», dit-il. Il demande à ce qu'un effort
«particulièrement particulier» soit déployé pour «régler le problème par un
travail collectif dans le cadre des groupements régionaux».
En prévision du lancement de
nouveaux projets par le secteur, le ministre a exhorté par ailleurs, ses cadres
à «régler d'abord les problèmes d'expropriation de terrains d'assiette pour
utilité publique». La construction du barrage Souk Ethlatha dans la wilaya de
Tizi Ouzou est bloquée à ce jour, en raison du refus des familles de quitter
les lieux concernés. Il faut à ses yeux, privilégier en premier «des solutions
à l'amiable, conformément à la réglementation en vigueur et éviter les
contentieux qui gaspillent le temps et l'argent». En cas d'urgence, Sellal
rappelle que «c'est le gouvernement qui règle par décret exécutif».
Il rappelle que «tous les textes d'application de la loi sur l'eau ont
été finalisés. Tout le dispositif législatif a été ainsi mis en place». Le
dernier texte à avoir été adopté la semaine dernière et que le ministre estime
«l'un des meilleurs» est un décret exécutif signé par le Premier ministre qui
permet l'utilisation de l'ensemble des barrages et des points d'eau du
territoire national à des fins sportives et touristiques. Un cahier des charges
va être soumis aux promoteurs publics et privés pour créer à ces niveaux des
lieux de détente «avec un maximum de précautions pour préserver la nature et
l'eau», explique-t-il. Les barrages de Béni Haroun, Taksebt et Djorf Ettorba
sont les premiers à être retenus à cet effet.
«Recrutez les emplois assistés»
Le délégué du groupement régional algérois s'est plaint en outre, «du
verrouillage de la loi de finances 2010 pour inscrire des projets alors que les
choses vont très vite». Le ministre lui rétorque «On n'est pas au Souk
El-Fellah, les projets sont inscrits sur la base des grands équilibres du pays.
Le secteur a eu 870 milliards DA de projets nouveaux, il reste un milliard à
réaliser, c'est important». Il précisera qu'«il n'y a pas de verrouillage, s'il
y a des urgences, on peut annuler ou retarder certains projets et en inscrire
d'autres. Ce que vous appelez verrouillage est un simple contrôle de la dépense
publique».
Le responsable du groupement
régional d'Oran posera pour sa part, le problème de la qualité de l'eau
desservie par le MAO. «Nous demandons la mise en Å“uvre de moyens de
traitement», dit-il. Il note aussi que des problèmes de gestion ont surgi en
raison de la difficulté à contracter des marchés. «Le transfert de chapitre à
chapitre n'est pas permis et ça crée des problèmes», a-t-il indiqué. Le
ministre lui rappelle que l'eau d'Oran n'est plus aussi salée qu'avant. «La
qualité s'est nettement améliorée, l'essentiel est qu'elle est potable. Il faut
aller surtout dans le détail pour assurer sa distribution même au niveau des
constructions illicites. J'ai appris qu'à Mers El-Kébir, il y a des habitations
isolées qui ne sont pas reliées au réseau d'APE, et parfois, ce sont des fosses
sceptiques, c'est inadmissible !», reproche-t-il. Il insistera sur une gestion
collective et décentralisée des problèmes de l'eau en tant que service public.
«C'est la bataille de la qualité du service public global qu'il faut gagner à
travers le pays, il faut vaincre la petite médiocrité ambiante», demande-t-il.
A la question récurrente relative au manque d'inadéquation entre les moyens
humains et ceux matériels, le ministre fera savoir que le recrutement
d'ingénieurs se fait localement au niveau de chaque wilaya «notamment ceux qui
constituent la police des eaux». Il faut, dit-il, «encourager les cadres
locaux, produit de la formation universitaire, le gap est important, il faut le
rattraper». Dernières consignes de Sellal «faites un effort pour doper vos
services par des emplois assistés, recrutez-en une centaine dans chaque wilaya
si vous voulez. J'insiste sur le travail au sein des groupements régionaux.
Lisez aussi le Journal officiel pour vous imprégner des textes législatifs et
réglementaires».
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Posté Le : 26/04/2011
Posté par : sofiane
Ecrit par : Ghania Oukazi
Source : www.lequotidien-oran.com