Respect des morts Commentaire

La protection de l'environnement passe aussi par celui des morts. Dans l'espace qui sépare les deux mondes, il y a la morale qui doit à elle seule gérer la sacralité des lieux. Aujourd'hui, la situation des cimetières se révèle dans tous ses états. A Alger, « nos lieux communs » croulent sous le poids d'un surpeuplement mortuaire difficilement géré par l'administration des pompes funèbres. El Kettar, le plus vieux cimetière de la capitale datant de l'époque ottomane, en est le parfait exemple. A cela s'ajoute un laisser-aller hygiénique : partout des bouteilles en plastique, des sachets sans oublier une végétation folle qui a submergé tous les espaces au point d'effacer allées et tombes. Et comme pour ne rien arranger, une pratique est venue se greffer et qui veut qu'on enterre les morts...entre deux tombes et même sur des sentiers de passage. Il faut alors voir durant les visites, ces hommes et femmes obligés de commettre « un sacrilège » en posant le pied sur des sépultures afin de pouvoir accéder aux tombes de leurs proches. Sans parler de ces jeunes et moins jeunes qui envahissent les cimetières avec leurs troupeaux de moutons qui piétinent tout sur leur passage. En temps normal, les lieux servent aussi à chasser le peu de chardonnerets encore en liberté. Ainsi l'intérieur de presque chaque cimetière, la désolation et la désacralisation sont venues déranger le repos éternel. Le cimetière de Sidi Yahia présente à lui seul les symptômes d'un mal avancé avec dépôt de détritus, servant aussi de lieu pour débit de breuvages nocturnes. Sur les hauteurs d'Alger, Sidi Medjber et Bouzaréah, deux autres vieux cimetières saturés et endommagés par les vicissitudes du temps et le laisser-aller des hommes. Face à cet état des lieux macabre, l'indifférence s'est installée. Et dire que chacun de nous rejoindra un jour ou l'autre ce monde du silence. Qui aimerait se reposer éternellement avec au-dessus de lui un tas de détritus '