Algérie

Respect de l'égalité des sexes



Un écrivain suédois vient de publier un livre pour enfants rédigé sans référence de genre, employant uniquement un pronom personnel neutre. Une curiosité grammaticale jusqu'alors quasiment inusitée. Dans Kivi et le monstre chien, l'auteur veut éviter les clichés sexistes et aider les enfants à s'identifier au personnage principal. Le livre a suscité un tel débat en Suède que le pronom oublié commence à retrouver un usage.
En suédois, comme dans la plupart des langues indo-européennes, il existe un pronom personnel masculin: han (il), et son pendant féminin: hon (elle). Depuis les années 1960, il existe également un pronom neutre: hen, pouvant désigner l'un ou l'autre des deux genres. Créé pour éviter de recourir à l'inélégante formule «il ou elle», il a vraisemblablement été inspiré par la Finlande voisine, où les locuteurs n'ont à leur disposition qu'un pronom unique hän. Maisen Suède, son usage ne s'est jamais généralisé. Jusqu'à ce que l'écrivain Jesper Lundqvist le remette au goût du jour, il y a quelques mois, dans un livre pour enfants. Intitulé Kivi et le monstre chien, il met en scène un enfant dont on ne connaîtra jamais le sexe. Sur les illustrations, Kivi est représenté(e) portant de grosses lunettes rouges et un pyjama rayé informe. Il (ou elle) fait un caprice pour qu'on lui offre un chien. «Il est possible de faire évoluer la langue» «Dans la grande majorité des livres destinés à la jeunesse, le sexe de l'enfant n'a aucune importance dans l'histoire, explique Jesper Lundqvist. Pour moi, un enfant est un enfant, et on peut dans la plupart des cas interchanger une petite fille avec un petit garçon. Si je racontais l'histoire d'un petit garçon par exemple, je devrais faire attention à lui donner un caractère qui ne soit pas trop stéréotypé, et je devrais prendre beaucoup de précautions pour ne pas tomber dans le cliché. Kivi n'est ni «une petite fille sensible» ni «un petit garçon courageux», mais simplement un enfant. Je me laisse ainsi une plus grande latitude pour raconter son histoire.» Si l'auteur a voulu remettre au goût du jour ce pronom neutre oublié, c'est aussi par simple question de logique linguistique : les pronoms jag (je) ou du (tu) ne portent pas de marque de genre, pourquoi n'en serait-il pas de même à la troisième personne ' «Je veux montrer par là qu'il est possible de faire évoluer la langue», conclut-il. Le pronom neutre adopté par la presse écrite A sa parution, il y a quelques semaines, le livre a fait débat dans pratiquement tous les media s'attirant au passage une publicité bienvenue. Certains s'opposent à l'emploi exclusif du pronom neutre ; selon eux, il risque de rendre les enfants incertains de leur identité. D'autres, comme la ministre de la parité Nyamko Sabuni, estiment que ce petit mot de trois lettres va dans le sens de l'égalité des sexes. Son usage a d'ailleurs déjà gagné une partie du monde de la presse écrite : le très sérieux Dagens Nyheter, l'un des principaux quotidiens du pays, s'est mis à l'employer dans certains de ses articles. Notamment ceux anticipant la naissance du bébé du couple princier, fin février : sera-ce un prince ou une princesse ' Tant que le mystère a duré, le pronom neutre hen s'est avéré bien utile !


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