Algérie

Résistances



La réforme de la justice n?implique pas seulement une plus grande efficacité et célérité dans le fonctionnement des cours et tribunaux en injectant des moyens humains et matériels en rapport avec les nouveaux défis que s?est fixés le secteur de la justice pour le crédibiliser et établir entre ses représentants et la population des liens de confiance qui ont fait cruellement défaut jusqu?ici. Le professeur Mohand Issad, ancien président de la Commission nationale de la réforme de la justice, l?a d?ailleurs si bien relevé dans l?entretien accordé à notre journal soulignant qu?« une justice crainte est un très mauvais signe et qu?une bonne justice est celle qui instaure la confiance avec les citoyens ». L?état de la justice algérienne est telle que l?on en arrive à des aberrations suprêmes qui font qu?un prévenu qui reconnaît devant le tribunal des faits graves qui lui sont reprochés saute de joie au moment du prononcé du verdict laissant la victime et ses proches, devant cette mansuétude que l?on a du mal à s?expliquer, dans une douleur inconsolable. Le fait que le recours à la justice pour faire valoir un droit, se protéger contre des injustices ne soit pas inscrit dans les m?urs de la société, alors que le glaive de la justice est le premier et l?unique bouclier des sociétés démocratiques, renseigne sur le fossé qui existe, et qui reste à combler, entre la justice et la population. En cela, les réformes du secteur de la justice annoncées ne pouvaient qu?être favorablement accueillies par la population qui attend depuis longtemps ce renouveau de la justice que l?on promet à chaque fois, mais dont on ne perçoit pas les changements significatifs, structurels à l?aune desquels se jauge un Etat de droit. Depuis l?introduction des réformes démocratiques en Algérie, force est de constater que la société évolue plus vite que la justice. Avec des hauts et des bas, le multipartisme est aujourd?hui une réalité incontournable. La presse privée et la liberté de la presse, avec ses heurs et malheurs, se sont également imposées dans le paysage médiatique en tant que vecteur essentiel de la démocratisation de la société. La justice demeure la seule institution où les résistances au changement sont toujours aussi tenaces, faisant que ce secteur subit les transformations en cours dans le pays, alors qu?il a naturellement vocation, sinon de les susciter, du moins d?accompagner le processus engagé en tant que puissant levier de la construction de l?édifice démocratique. La justice a été dévoyée de sa mission pour se transformer en enjeu de et du Pouvoir.


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