Algérie

Résistance mauritanienne



Que se passe-t-il à Nouakchott ? Du surréalisme politique, plutôt noir et de mauvais goût. Le chef des putschistes, le général Mo hamed Ould Abdelaziz, a, selon une dépêche de l'agence de presse mauritanienne AMI, «insisté sur l'importance du pluralisme et de la diversité des opinions dans les médias publics». Cela ne manque pas de piquant pour un homme qui a foulé aux pieds la Constitution et embastillé le président élu.

Le fait d'avoir débauché quelques personnes dans l'opposition pour former un gouvernement semble donner au général le sentiment qu'il est installé pour longtemps au pouvoir puisqu'aucune durée n'a été fixée pour la «transition». Le calcul des putschistes est qu'ils finiront par faire admettre le fait accompli aux Mauritaniens et au reste du monde. Or, rien n'est moins sûr. Le Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), coordination de cinq partis mauritaniens contre le coup d'Etat, a dit son «rejet absolu de cette formation illégale» et a dénoncé un «acharnement à violer la légalité» de «putschistes qui se sont affublés du nom de Haut Conseil d'Etat».

Les Mauritaniens comme les Africains ont trop aimé et admiré l'expérience mauritanienne d'une transition ordonnée vers la démocratie pour accepter la régression que les généraux infligent au pays. La Mauritanie était devenue un modèle. Une bonne partie des Mauritaniens ne veulent pas qu'elle devienne un anti-modèle. Il est remarquable de noter que la société mauritanienne et les acteurs politiques ne se résignent pas au coup de force et continuent de réclamer le rétablissement de la légalité constitutionnelle. C'est cette absence de résignation des Mauritaniens au niveau national qui explique qu'au niveau international, la condamnation du coup d'Etat a été générale. Aucune capitale étrangère significative n'a reconnu la junte et le gouvernement qu'elle vient de mettre en place.

L'Union africaine s'en tient au principe de non-reconnaissance des gouvernements issus de coups d'Etat. Une opinion publique africaine exigeante commence à émerger et n'accepte plus ces recours à la force pour remettre en cause les choix des électeurs. L'Union africaine en tient compte. La secrétaire d'Etat américaine, dans son périple maghrébin, a décidé d'exclure Nouakchott, où l'ambassade américaine a signifié que les Etats-Unis ne reconnaissaient «pas la légitimité du soi-disant gouvernement» formé lundi en Mauritanie par la junte au pouvoir depuis le renversement du président de la République le 6 août.

L'isolement international de la junte mauritanienne est réel et des sanctions économiques ont été prises. Le seul soutien dont peuvent se prévaloir les généraux mauritaniens est celui du Maroc... Les putschistes sont sous pression. La plus importante de ces pressions vient du fait que des Mauritaniens ne renoncent pas et résistent.




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