Algérie

Réseaux sociaux et blogosphère en Algérie Les libertés en toile de fond



Réseaux sociaux et blogosphère en Algérie Les libertés en toile de fond
L’éclatement des révoltes populaires dans le monde arabe peut s’expliquer par d’innombrables facteurs. Les outils qui ont servi à leur réussite sont plusieurs.


Les réseaux sociaux et la blogosphère ont été des atouts. Mais en Algérie, en intense période de contestation, le pouvoir a censuré et piraté les blogs animés par des jeunes Algériens.
Les blogueurs sont surveillés. Leur activité déplaît au régime. Nous assistions à une autre forme d’atteinte aux libertés individuelles mise sous silence. Réunis dans la soirée de jeudi dernier, au siège national du FFS (Alger), autour d’une table ronde sur le thème «Les réseaux sociaux et la blogosphère en Algérie», les invités, blogeurs et journalistes, ont dénoncé la censure de leur support média au début de l’année. «Lorsque la révolte a éclaté au mois de janvier, des blogs ont été piratés et censurés», révèle en premier Abdou Bendjoudi, blogueur et membre du Mouvement de la jeunesse indépendante. Il affirme que «les médias sociaux et les blogs sont infiltrés par les renseignement généraux». Ce dernier se réfère à une enquête individuelle entreprise durant trois mois. Il a constaté que «les services créent de faux profils sur Facebook pour savoir qui est pour qui et qui est contre qui».


M. Bendjoudi explique que le verrouillage médiatique que connaît le paysage audiovisuel pousse les Algériens à investir la Toile pour se mette au diapason de l’actualité alternative. «L’ENTV diffuse de l’information erronée, et selon le désir du pourvoir. La frustration pousse la jeunesse à s’accrocher à d’autres canaux de communication, plus libres et moins sclérosés.» Dans sa lancée, il indique que «la censure et la manipulation est à l’origine du développement du média citoyen, qui est un outil pour freiner l’idéologisation de l’information. Par exemple, en janvier dernier, l’ENTV offrait un faux contenu sur les mouvements de protestation. Donc, le seul remède, pour connaître la vérité, c’était de voir les vidéos postées sur Facebook ou Youtube. L’exemple d’envoyés spéciaux algériens est le meilleur à donner dans ce sillage».
Le retard qu’accumule l’Algérie pour ouvrir son espace audiovisuel se répercutera négativement au cours des prochaines années. Le pays risque d’être en déphasage total avec les conditions de travail qui régenteront le domaine d’ici 20 ans. «Si l’Etat ouvre l’audiovisuel, c’est le mot de la fin de ceux qui dirigent l’ENTV aujourd’hui», estime M. Bendjoudi.


Une navigation de consommation et peu de production


Le blogueur algérien, connu sous le nom de Hchicha, est intervenu à partir de Paris. Il pense que «les Algériens et les Tunisiens ont évolué de la même manière sur le web et ont adhéré d’une pareille façon sur le réseau facebook. Mais les Tunisiens ont fait leur révolution. Car, en Tunisie, les animateurs des réseaux sociaux et les blogueurs sont des activistes de longue date. Ils sont organisés. Ils ont utilisé internet comme un outil de rassemblement». En Egypte et en Tunisie, les appels sur les réseaux sociaux et les blogs pour destituer les régimes et pour manifester ont eu des échos. «Ces supports web sont animés par des activistes et des défenseurs des droits de l’homme», a expliqué le blogueur et journaliste Allaoua Hadji. L’universitaire Arezki Derguini estime de son côté que l’internaute algérien est plus un consommateur que producteur. «Les utilisateurs nationaux des réseaux sociaux sont des consommateurs passifs et non pas des producteurs de l’information, contrairement aux activistes tunisiens et égyptiens», juge-t-il. Il recommande d’ailleurs aux journalistes de travailler avec les blogueurs, tout en supposant que le rédacteur doit écrire selon la demande du marché. C’est là une opinion d’ordre économique qui est «acceptée dans les pays pionniers du journalisme».

Il déplore également l’absence flagrante des professionnels de la presse sur le réseau Twitter.
Enfin, Nassim El Ouenass, directeur de la revue Intik, a présenté les résultats d’une étude réalisée par Webdialna. Elle montre que les Algériens se connectent en moyenne 20 heures par semaine. 73% des sondés déclarent utiliser la Toile pour récolter l’information. L’étude avance un chiffre de plus de 6 millions d’internautes en Algérie, dont 70% sont des hommes. Le nombre de «facebookistes» dépasse un million. Google est le premier site visité, suivi de Facebook, Yahoo, blogspot et le site arabophone Startimes.




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