Algérie

Réquisitoire des algériens vivant en France



  Paris.
De notre correspondant

Malgré la volonté de Halim Benatallah, secrétaire d'Etat chargé de la Communauté algérienne à  l'étranger de l'unir et de l'organiser, force est de constater que le retard accusé dans ce domaine est handicapant, voire même difficilement rattrapable. Jeudi, au consulat d'Algérie de Bobigny (département de la Seine Saint-Denis) le secrétaire d'Etat a écouté attentivement les interventions des responsables des associations algériennes activant dans le domaine du culte. Et au fur et à  mesure des exposés,  il s'est rendu compte de la difficulté de la tâche, tant les maux qui rongent les Algériens de France, sont nombreux et imbriqués : problème d'organisation de la religion, difficulté à  unir et à  organiser la communauté autour d'objectifs précis, recul de l'influence et du rayonnement de la Mosquée de Paris. Mais le problème le plus soulevé par les représentants des associations est celui relatif aux associations religieuses marocaines qui semblent avoir pignon sur rue, déconstruisant systématiquement ce que les Algériens ont construit depuis des années. «Les Marocains cherchent à  contrôler toutes les mosquées. Si l'on ne fait rien, on va directement dans le mur», a estimé Salah Mrabi, imam chargé de la région de Tours, Blois et d'Orléans. Un de ses confrères a relevé le problème auquel est confrontée la Mosquée de Paris, qui risque de tomber, tel un fruit mûr, entre les mains des Marocains après avoir été des années durant sous l'influence algérienne. «La mosquée de Paris est orpheline. Elle est attaquée de toutes parts. D'abord sur Youtube, puis c'est le recteur Dalil Boubakeur qui subit les foudres des Marocains et ensuite c'est l'Etat algérien qui est sali. Et que fait ce dernier ' Rien.» En plus de la concurrence féroce livrée par les Marocains aidés par leur Etat, d'autres difficultés viennent aussi compliquer l'organisation et l'union des Algériens de France : l'unilinguisme des imams envoyés par Alger. En effet, ces derniers, ne maîtrisant pas la langue française, peinent à  mobiliser les jeunes Français d'origine algérienne. L'autre handicap qui empêche les musulmans algériens de s'organiser, c'est le manque de moyens financiers. De nombreux projets, comme la construction de mosquées ou d'écoles religieuses peinent à  voir le bout du tunnel à  cause du manque d'argent, contrairement au volontarisme financier de l'Etat marocain qui semble mettre tous les moyens pour imposer ses agendas religieux et son Islam en France. Convaincu du retard enregistré sur le terrain, M. Benatallah a promis une réponse rapide et à  la mesure des difficultés sans cesse grandissantes.
Il a assuré que  l'Etat, qui a enfin découvert le poids de la communauté algérienne dans l'échiquier politique et électoral français, va se pencher sérieusement sur ces problèmes. «Le temps de l'écoute est fini, place maintenant aux décisions», a-t-il promis. A ceux qui lui ont rétorqué avoir déjà entendu mille fois le même discours, le ministre a assuré qu'il ne laisserait pas les problèmes derrière lui une fois dans l'avion. «Le moment est venu pour s'impliquer dans le jeu démocratique du pays d'accueil», a-t-il martelé. Et d'appeler à  la sensibilisation des jeunes élus d'origine algérienne de l'importance de la communauté en France. Le ministre algérien a peut-être découvert que l'eau mouille puisque d'autres pays, comme le Maroc ou la Tunisie, accordent déjà une grande importance à  leurs communautés respectives. Si leurs immigrés sont accueillis avec des fleurs, les nôtres ne trouvent à  la descente des avions que des humeurs jalouses et des tracasseries policières et administratives dissuasives.                                                                 


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